Intervention au conseil d’arrondissement du 20 mai sur les questions de sécurité.
Depuis plusieurs années maintenant, dans tous les quartiers de Marseille, avec les habitants, nous constatons une dégradation de la tranquillité publique.
Les habitants de nos quartiers sont nombreux à nous informer de l’augmentation des incivilités et des délits, du développement du trafic de drogues, et aux abords des établissements scolaires, les élèves subissent des vols et agressions.
Dans le 1er secteur, nous ne sommes pas épargnés. Sur le littoral nous avons la fréquentation d’une station balnéaire et les effectifs de police d’un village.
Devant les collèges, comme celui de Gaston Defferre dans le 7eme il y a des problèmes tout comme dans les quartiers du 1er à Noailles, St Charles et Belsunce.
Paradoxe le commissariat sur la canebière n’apporte pas les réponses aux problèmes de ce quartier dans la journée ni le soir.
Autre problème, la sur représentation des centres d’accueil dans le premier arrondissement devient un facteur aggravant du sentiment d’insécurité quant les restrictions de crédits de fonctionnement de ces centres alloué aux outils de préventions suppriment le personnel et les moyens d’encadrements.
Enfin, l’absence d’un vrai commissariat d’arrondissement et d’ilotage présent 7j sur 7 avec tout les moyens de fonctionnement on ne fera pas reculer la délinquance : l’exemple du 7eme d’arrondissement et flagrant.
Ces phénomènes sont en augmentation et les effectifs de police nationale sont constamment réduits ! Et plus encore la nuit, la police nationale, seule qualifiée pour intervenir, ne peut pas faire face à l’ensemble des sollicitations de la population. Cette situation génère un sentiment d’abandon !
Alors, comment répondre aux besoins de tranquillité publique des marseillais dans les conditions actuelles ? C’est évidemment de plus en plus difficile, y compris pour les fonctionnaires de la police nationale qui sont en poste. Cette situation est connue des représentants de l’Etat.
Alors, pour retrouver le chemin de la baisse de la délinquance, nous n’avons pas besoin de nouveaux discours mais d’un Etat qui prenne ses responsabilités et qui mette en place les effectifs et les moyens nécessaires pour la police nationale à Marseille.
Faudra-t-il de nouveaux morts pour que les pouvoirs publics s’intéressent à Marseille et à ceux qui y vivent ?
À l’insécurité, inacceptable, nous subissons, et chaque jour davantage, l’isolement, le chômage, l’échec scolaire, le mal-logement, et une pénurie des services publics. Les habitants souffrent au quotidien, et nourrissent un sentiment d’abandon.
Les taux d’abstention record aux dernières élections dans certains quartiers ne sont d’ailleurs qu’un signe supplémentaire de la défiance des habitants de ces quartiers vis-à-vis de la capacité du politique à changer cette situation.
Quelle réalité :
Fin 2010, ce ne sont pas moins de 9 000 postes de policiers qui auront été supprimés en application de la révision générale des politiques publiques.
Les chiffres : (La Marseillaise du 06 mai 2011)
Le Ministre de l’intérieur Claude Guéant annonce l’arrivée progressive de renforts entre le 1er juillet et le 1er septembre de 100 policiers de plus. Ce qui porte le nombre de renforts à 150 depuis les promesses de son prédécesseur.
Pour la période de vacances estivales, les réservistes de la police nationale seront appelés pour assure la sécurité des plages.
Selon les syndicats de policiers et professionnels du secteur : 400 policiers manquent pour assurer la sécurité dans Marseille.
Il faut donc dire la vérité : Marseille ne dispose pas aujourd’hui des effectifs de police NATIONALE qu’une grande métropole de plus d’un million d’habitants est en droit d’attendre de la République.
Et personne ne me fera croire que nous résoudrons les problèmes de sécurité en les municipalisant.
Les missions de la police municipale sont clairement fixées par la loi. Mais il y a actuellement une tendance de plus en plus importante à confier aux policiers municipaux des missions qui se rapprochent de celles de la police nationale, alors qu’il y a des différences de formation, de salaires, etc. Si on reste dans cette logique de rapprochement, alors forcément, il faudra que la police municipale soit armée. Cette logique est désastreuse pour les populations et pour les Maires.
La sécurité des biens et des personnes incombe à l’État. Le développement de police municipale s’inscrit dans une logique où l’État se défausse de ses missions. Le périmètre de l’action publique d’État n’a cessé de se restreindre. C’est toujours le même discours : « L’État ne peut pas tout faire, ne doit pas tout faire, etc. »
Le risque est grand de voir se mettre en place au niveau local des polices dont les moyens et le niveau de formation seront à géométrie variable. Mais dans tous les cas largement insuffisants pour répondre aux problèmes de délinquance quotidienne, particulièrement celle due au trafic de drogue ou à celui d’armes comme nous le connaissons massivement aujourd’hui à Marseille.
Oui les maires sont au plus proche des citoyens. Oui il faut qu’ils s’investissent davantage sur les questions de sécurité. L’argument de la proximité n’est pas faux en soi.
Je l’ai déjà dit ici, l’urgence commande de redéfinir les missions régaliennes de l’Etat en matière de sécurité.
Les policiers nationaux veulent avoir pour mission de faire des enquêtes, de mener des opérations lourdes, de démanteler des réseaux de stupéfiants. Et ils ont raison.
Dans ce contexte, les missions de proximité sont transférées sur les maires. Mais c’est toujours le même principe ! On commence par réduire les moyens, cela crée de l’insatisfaction dans la population. Du coup, on se décharge sur les collectivités locales, sans leur transférer de moyens supplémentaires. Les communes les plus modestes, confrontées à des problèmes de délinquance, doivent dès lors renoncer à développer d’autres missions. Nous n’avons pas assez d’éducateurs, pas assez d’animateurs, pas assez de gardiens, pas suffisamment de médiations dans les quartiers.
Pour faire baisser réellement la délinquance dans les quartiers, dans tous les quartiers de la ville, il faut inverser l’ordre des priorités : aller vers beaucoup plus de prévention ! A-t-on vraiment déjà essayé une authentique politique de prévention ? Pour faire un travail de prévention efficace, il faut pouvoir croiser les informations concernant tel ou tel jeune ou moins jeune en difficulté.
On constate, statistiquement, que plus la population d’un quartier est paupérisée, plus apparaissent dans ce quartier des réseaux d’économie parallèle, de stupéfiants, des moyens illégaux d’obtenir de l’argent. Traiter la délinquance, ce n’est donc pas qu’une affaire de police, loin s’en faut. Si on investissait durablement dans le domaine éducatif, social et culturel, nous serions dans notre rôle de prévention, de médiation, d’éducation. Il faut laisser le système répressif à un système d’État, ne pas mélanger les genres mais ouvrir les portes de la coopération Etat/Ville et l’harmonisation des politiques locales et nationales.
La lutte contre la petite délinquance doit d’inscrire dans l’ensemble des politiques publiques : sociales, éducatives, de prévention, l’intégration, de protection de la jeunesse, de dissuasion avec une police de proximité.
Il faut aussi donner plus de moyens humains et financiers aux travailleurs sociaux notamment dans les Maisons départementales de la solidarité pour qu’ils puissent accomplir réellement leur mission du suivi social des familles et de protection de l’enfance.
Il faut que l’état donne les moyens à notre département et à notre pays d’un véritable service public de l’action sociale.
Aussi, je pense que le développement d’éducateurs spécialisés, un renforcement des moyens de la Protection Judiciaire de la Jeunesse sont indispensables. De même, l’école qui aujourd’hui, est plus une institution à reproduire les inégalités sociales, qu’à les corriger, est interpellée sur sa capacité à prendre en charge le décrochage scolaire, les liens et accompagnement indispensables pour les familles. Tout cela appelle un vaste débat citoyen pour la reconquête du droit de vivre en paix et en sécurité dans les villes, en associant les élus, les associations, les chercheurs, les professionnels de la justice, les travailleurs sociaux, les citoyens, les forces vives des villes et des quartiers, les enseignants et les personnels de l’éducation nationale, les jeunes, les parents.
Le fait de pouvoir disposer de toutes ces informations peut aider à mettre en relation différents acteurs sociaux de nos quartiers ou de la ville pour une meilleure réactivité. L’essentiel, c’est qu’il y ait un échange sur le terrain, avec l’ensemble des partenaires.
Alors osons dire que les missions régaliennes de l’Etat doivent incorporer ce travail de terrain, de liaisons avec les acteurs locaux. Donnons tous les moyens financiers, humains, juridiques aux conseils locaux de sécurité qui peuvent construire avec l’ensemble des partenaires les réponses locales adaptées à une lutte efficace contre la délinquance et l’insécurité.
Pour conclure notre groupe apprécie la tenue de ce conseil qui permet de sortir du cercle des initiés les questions de sécurité.
Pour l’essentiel nous partageons les analyses du rapport N° R11/080/1s mais pas le point 3 qui traite des caméras car nous n’avons aucune certitude sur l’efficacité de ces dispositifs qui masque le manque d’effectif humain et les budgets en régression de la police, et n’a donné statistiquement aucun résultat positif de ce dispositif pour faire reculer la délinquance et l’insécurité. Nous nous abstenons sur le point 9 qui par manque de clarté stigmatise les plus démunis.
Et d’autre part nous voterons les questions écrites proposées à ce conseil d’arrondissement car elles apportent une réponse aux préoccupations des habitants.
Christian Pellicani
Conseiller Municipal
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