Intervention de Jean-Marc Coppola sur le PLU de Marseille
Rapport 71
Conseil municipal du 17 juin 2013
Malgré quelques avancées dues à la concertation qui se traduisent par 5 réserves incontournables et 16 recommandations de la commission d’enquête, la philosophie du PLU de la Ville, sur lequel nous sommes appelés à nous prononcer, est conforme à votre action depuis près de deux décennies et à votre projet municipal présenté en 2011.
Votre objectif principal est résumé dans ces petites phrases que vous et vos adjoints distillez et que je rappelle : « faire revenir en ville des gens qui paient des impôts, et se débarrasser d’une partie des habitants », sous-entendu des plus pauvres.
Telle est votre conception de l’urbanisation. Le privé prend de plus en plus la main sur les espaces, les services, les équipements pour en tirer profit et les inégalités ne cessent de s’accroître, tournant le dos à la mixité sociale.
Un concept qui vous rebute, ou que vous appliquez à votre manière comme le respect des 20 % de logements sociaux, sans volonté de réduire les fractures fortes entre les territoires, les zones et les catégories de population.
Pourtant la mixité est le gage du développement de la ville et d’un territoire et ne vaut pas qu’au plan social. Elle vaut aussi au plan économique. Et pour vous c’est d’abord commerce, tertiaire, tourisme…au détriment d’activités productives socialement utiles permettant à des milliers de jeunes de travailler.
La ville est fracturée au-delà de la frontière entre le nord et le sud, puisqu’avec 1500 résidences fermées*, Marseille est championne des copropriétés sécurisées à l’américaine. Une autre forme de ghettoïsation.
Vous continuez ainsi à redessiner en affichant des ambitions qui sont creuses dans la réalité.
L’habitat est de moins en moins accessible à la diversité des populations et des besoins en termes d’équipements publics de proximité nécessaires (crèches, jardins, équipements sportifs et culturels)
Concernant l’habitat social, l’absence de mixité sociale sur l’ensemble de la ville est la première des 5 réserves formulée par la commission d’enquête publique.
Où sont les mesures contraignantes par arrondissement ? Vous n’en voulez pas ; vous êtes pourtant obligés aujourd’hui de concéder une « Orientation d’Aménagement multi-site Habitat » en réponse à la réserve.
A propos des zones économiques, aucune disposition ne permet la relocalisation d’activités industrielles nouvelles, indispensables à la création d’emploi.
Côté transports collectifs, c’est le service minimum qui ne cherche pas à reconquérir le foncier nécessaire à la mise en œuvre du PDU communautaire, pourtant bien timide pour répondre aux besoins de déplacement et empêcher l’automobile de pénétrer dans la ville hyper polluée et encombrée.
Peu ou pas de parkings de proximité et de dissuasion d’entrée de ville, pour lesquels il est indispensable de réserver le foncier.
Dans l’hyper centre, la population est laissée pour compte et écrasée par vos projets de tourisme de luxe et d’affaires.
Sur le littoral, vous considérez trop stricte et inadaptée la prescription d’une limitation de hauteur à l’existant pour tout projet sur la friche Giraudon.
Enfin nous notons une menace voire la disparition d’Espaces Boisés Classés Parcs et Jardins, et la non prise en compte de la Nerthe, ce qui laisse la place à des projets polluant la vie des habitants et l’environnement.
Dans ce contexte, non seulement les habitants vont continuer de vivre mal, mais Marseille ne pourra pas jouer un rôle dynamique qui devrait être le sien au plan régional, national et international, en s’appuyant sur ses atouts.
Nous défendons une conception de la ville permettant un droit d’accès à tous et partout, dans un cadre réfléchi par tous. Ca s’appelle l’intervention citoyenne active et participative, de laquelle peuvent émerger des idées et des constructions à l’opposé de cette sclérose ségrégative que vous proposez.
Nous voterons contre ce rapport.
* selon une étude du Laboratoire population environnement développement commandée par le ministère de l’écologie