Le Rapport « 208 » du Conseil Municipal du 25 mars est passé pour avis au Conseil d’Arrondissement du Premier Secteur.
Vous trouverez les premiers éléments de réflexions que j’ai versées au débat à l’occasion de ce premier échange sur le rapport qui porte sur l’avis de la mairie de Marseille sur le Plan de Déplacement Urbain (PDU).
Avec les associations du 7eme arrondissement nous avons déjà travaillé le sujet tout comme le Groupe Communiste à la Communauté Urbaine Marseille Provence Métropole.
Texte de l’Intervention : Christian Pellicani, au Conseil d’Arrondissement
« Au fond, il s’agit de savoir si ce projet rapproche suffisamment tous nos concitoyens du Droit à la Ville conçu comme un espace commun et solidaire du bien vivre ensemble, dans une dimension métropolitaine de la mobilité et face à l’impératif environnemental et climatique.
Disons-le d’emblée, nombre de réponses manquent, selon nous, d’ambition et de cohérence.
A commencer par les connexions métropolitaines du projet. Certes il est proposé à RFF et la Région de faire du TER un véritable TCSP métropolitain.
Mais comment comprendre le renvoi de deux projets à un autre horizon que ce deuxième PDU : celui de la jonction Tramway entre Marseille – La Penne-sur-Huveaune et Aubagne ; celui d’un site propre et rapide entre St-Charles et l’Aéroport. Deux absences de propositions à 10 ans parfaitement contradictoires avec le discours ambiant sur « la métropole ».
Et que dire de la prise en compte tout à fait justifiée du projet de BHNS du SMITEEB de Marignane aux Pennes-Mirabeau dans notre vision des choses, sans que soit envisagé de prolongement à l’autre bout vers Gignac-La-Nerthe, Châteauneuf-les-Martigues et demain au-delà ?
Sur quelle conception de l’espace urbain à vivre ensemble est-on, quand on situe les portes d’entrée de Marseille en limite du grand Centre Ville ? Problème de sémantique ? Non !
Plus profondément la conception d’une ville hyper centralisée où on renvoie les 4/5 du territoire et des habitants à une vision périphérique, au risque d’une ville à plusieurs vitesses.
On s’interroge par ailleurs sur le fait que le Port de Marseille ne soit pas traité en tant que porte de la ville…surtout au moment où la ville et la CUM ont ratifié une charte ville-port !
Il ne s’agit pas ici de verser dans le localisme électoral, mais de constater un fait : depuis qu’elle s’est dotée d’un PDU et d’ici 2023, MPM aura dépensé prés d’un milliard d’euros pour prolonger le métro vers St-Barnabé et St-Loup contre 70M € vers le Nord et rien vers Château-Gombert.
On est loin des engagement pour relier les Quartiers Nord de Marseille au centre et au sud de la Ville.
A cela s’ajoute l’absence de tout TCSP vers les Plages et Bonneveine, lieux pourtant parmi les plus fréquentés de la Ville, alors que deux lignes de tramway sont envisagées pour converger sur Dromel ; le maillage est pour le moins surprenant et laisse la partie la plus fréquentée du littoral marseillais et une entrée du Parc National sous l’emprise du tout voiture. Bonjour le plan climat…
Et à propos de plan climat et d’une ville respirable, on peut s’interroger sur l’ambition de piétonisation des Centres Villes et des quartiers. Elle paraît bien timide et mal assurée sur les moyens mis en œuvre pour redéfinir l’espace public sans exclure ses usagers et ses résidants.
La politique tarifaire proposée, est le plus souvent orientée vers la dissuasion par des tarifs et des amendes pour le stationnement des voitures, mais jamais envisagée à l’inverse par une tarification beaucoup plus attractive des Transports en commun, pour modifier les comportements sur la durée. Par exemple la gratuité pour les jeunes jusqu’à 25 ans ; ou la mise en œuvre de combinaisons tarifaires parkings résidants/RTM sur tout le territoire.
Attention à ne pas laisser entendre que la nouvelle culture de la mobilité punit celles et ceux qui ne peuvent complètement y accéder et les exclus progressivement des centres villes, en contradiction totale avec la densification et la mixité urbaine recherchées.
Vous en conviendrez, ces limites et ces défauts de cohérence ne sont pas à la marge du Droit à la ville qu’attendent nos concitoyens d’un plan de déplacements urbains. Voilà pourquoi nous ne pouvons le voter en l’état.
Pour l’heure nous nous abstiendrons, en espérant que l’enquête publique amène un infléchissement sensible de ce projet. »