« TOURNANT DE LA RIGUEUR QUI NE DIT PAS SON NOM » extrait de la conférence de presse de madame Batho :
Le budget 2014 « marque un tournant par rapport à la volonté de mener à bien la transition écologique. Je n’ai pas accepté cela en silence », a aussi déclaré Mme Batho. « Ce n’était pas hors de notre portée en termes de choix politique. » « Ce que je n’accepte pas, ce n’est pas de faire des compromis, c’est le tournant de la rigueur qui ne dit pas son nom et qui prépare la marche au pouvoir de l’extrême droite dans notre pays », a-t-elle encore asséné.
Pour justifier ce « tournant », l’ancienne ministre a ensuite accusé le gouvernement d’avoir cédé à « certaines forces économiques qui n’acceptaient pas le niveau d’ambition que [je] fixais pour la transition énergétique« . « Ces forces ne se sont pas cachées de vouloir ma tête, mais si le gouvernement avait été solidaire, elles n’y seraient pas parvenues », a-t-elle ajouté.
En tant que ministre de l’écologie et de l’énergie, Delphine Batho a, en effet, été en première ligne sur les dossiers sensibles du gaz de schiste et de la réduction de la part du nucléaire en France. Elle a dû faire face aux industriels et aux pétroliers, notamment mécontents de la manière dont elle a mené le débat national sur la transition énergétique, dont les conclusions sont attendues le 18 juillet.
« Est-il normal que le PDG de Vallourec ait annoncé ma chute prochaine voilà des semaines aux Etats-Unis ? De quelles informations disposait-il pour le savoir ? Comment se fait-il que des conseillers de Matignon disent du mal de moi dans la presse ? » a-t-elle interrogé.
L’ancienne ministre faisait référence à Philippe Crouzet, le président du directoire de Vallourec – leader mondial des tubes sans soudure utilisés pour les techniques de forage en conditions extrêmes, ce qui est le cas pour l’exploitation des huiles et gaz de schiste –, dont la femme, Sylvie Hubac, est la directrice de cabinet de François Hollande. Philippe Crouzet n’avait jamais caché, lors de déjeuners de presse « off », son mécontentement pour la politique écologique menée par Mme Batho. Cet industriel a néanmoins démenti avoir expliqué que « Delphine Batho était un vrai désastre » lors de l’un de ses voyages aux Etats-Unis.