Il y a 10 ans, le 13 mars, la mort de Jean Ferrat plongeait l’Ardèche dans une très grande tristesse. Son pays de bruyères et de genets venait de perdre une de ses figures emblématiques. C’est tout un département qui était meurtri parce que l’ami Jean, Jeannot, c’était un symbole de cette terre de résistance, de cette ruralité, qui continuait malgré tout à vivre et à protéger sa nature si prisée de beaucoup.
Pas une fête familiale, pas un moment de retrouvailles sans une chanson de Ferrat, et en particulier, « la Montagne ». Pas un rassemblement de notre parti, pas un meeting, pas une fête fédérale sans un morceau de Ferrat de « Ma France » à « C’est un joli nom Camarade ».
Et aujourd’hui, 10 ans plus tard, que reste t-il ? D’abord, l’envie de résister ! Résistance au gaz de schiste, résistance face aux déserts médicaux et au recul de la présence des services publics. Résistance encore pour faire revenir les trains de voyageurs dans le seul département français qui en est dépourvu depuis 1973. Et enfin résistance face à LREM qui n’a pas eu de député en Ardèche, seul département avec la Corse à être dans cette situation, même si un député socialiste est devenu secrétaire d’État de Macron.
Bien souvent nous nous disons : Qu’aurait pensé Ferrat de la situation, qu’aurait-il écrit et chanté ? Qu’aurait-il dit de l’avènement de Macron, du Président des riches, mais aussi des Gilets jaunes, de la réforme des retraites, des violences policières et de la libération de la parole des femmes battues, humiliées, violées ? Certainement aurait-il pensé comme nous, communistes.
À chaque fois que j’écris des lignes sur Ferrat me reviennent à l’esprit tous ces échanges avec lui, son envie de changer la vie, ses colères et ses espoirs, et son amour de l’Ardèche, de ses paysages et de ses habitants. Me reviennent en images les banquets républicains à Antraigues, la rencontre avec Marie-George Buffet au café « La montagne » qui voyait ses retrouvailles avec le PCF après des années de distance.
Alors Ferrat, nous le faisons vivre en chansons avec le Festival Ferrat qui chaque année en milieu de juillet, à Antraigues, met à l’honneur la chanson française à textes et qui fait écho aux combats et aux espoirs et qui permet de découvrir aussi de nouveaux talents. Alors Ferrat, nous le faisons vivre en continuant à défendre notre terre, sa nature, ses paysans, ses femmes et ses hommes qui veulent vivre et travailler en Ardèche. Alors Ferrat, nous le faisons vivre en préservant une Ardèche, belle et rebelle.
En plein confinement, face à l’épidémie du Covid-19, réécoutez ses chansons, relisez ses textes, ils sont d’une grande actualité. Prenez le temps d’écouter la chanson inédite publiée dernièrement : « Dis-moi, qu’as-tu fait du temps des cerises ». Elle semble avoir été faite pour maintenant…
Une délégation de la fédération s’est rendue avec les camarades d’Antraigues sur la tombe de Jean Tenenbaum, dit Jean Ferrat, le 13 mars 2020, pour déposer une gerbe de fleurs rouges.
François Jacquart, secrétaire départemental de l’Ardèche.