Histoire de l’Abbaye d’Aulps
Située à 800 mètres d’altitude au cœur des Préalpes chablaisiennes, l’abbaye d’Aulps est fondée à la fin du XIe siècle. Ses moines s’affilient à l’Ordre cistercien* en 1136. Elle devient l’un des plus importants monastères de la Savoie médiévale. Les bâtiments sont détruits en grande partie en 1823. Jusqu’en 1998, le domaine monastique est une exploitation agricole.
D’une superficie de trois hectares, le domaine de l’abbaye d’Aulps est situé au cœur des
Préalpes chablaisiennes. Il abrite les vestiges de l’abbatiale, les celliers, des jardins, la porterie et surtout l’ancienne ferme monastique. Cette dernière abrite un centre d’interprétation unique en France consacré à la vie quotidienne des moines d’une abbaye de montagne au Moyen-âge, ouvert au public en 2007. Les jardins de l’abbaye font aussi l’objet d’un soin particulier avec
la création d’un jardin botanique (herbularius) et d’un potager (hortus).
Trésor architectural de la Savoie médiévale…
*L’ordre cistercien (en latin Ordo cisterciensis) est un ordre monastique de droit pontifical.
C’est une branche réformée des bénédictins dont l’origine remonte à la fondation de l’abbaye de Cîteaux par Robert de Molesme en 1098.
L’ordre cistercien joue un rôle de premier plan dans l’histoire religieuse du XIIe siècle. Par son organisation et par son autorité spirituelle, il s’impose dans tout l’Occident, jusque sur ses franges. Son influence se révèle particulièrement forte à l’est de l’Elbe où l’ordre fait « progresser à la fois le christianisme, la civilisation [occidentale] et la mise en valeur des terres1 ».
Restauration de la règle bénédictine inspirée par la réforme grégorienne, l’ordre cistercien promeut ascétisme, rigueur liturgique et érige, dans une certaine mesure, le travail comme une valeur cardinale, ainsi que le prouve son patrimoine technique, artistique et architectural. Outre le rôle social qu’il occupe jusqu’à la Révolution, l’ordre exerce une influence de premier plan dans les domaines intellectuel ou économique ainsi que dans le domaine des arts et de la spiritualité.
Il doit son considérable développement à Bernard de Clairvaux (1090-1153), homme d’une personnalité et d’un charisme exceptionnels. Son rayonnement et son prestige personnel en ont fait au XIIe siècle le plus célèbre des cisterciens. S’il n’en est pas le fondateur, il demeure le maître spirituel de l’ordre2.
L’ordre cistercien est en fait constitué aujourd’hui de deux ordres et plusieurs congrégations. L’ordre de la « Commune Observance » comptait en 1988 plus de 1 300 moines et de 1 500 moniales, répartis respectivement dans 62 et 64 monastères. L’ordre cistercien de la Stricte Observance (aussi appelé o.c.s.o.) comprend actuellement près de 3 000 moines et 1 875 moniales — communément appelés trappistes et trappistines, car ils sont issus de la réforme de l’abbaye de la Trappe — répartis dans 102 monastères masculins (abbayes et prieurés) et 72 monastères féminins (appelés aussi abbayes ou prieurés), dans le monde entier3. Mais si les deux ordres cisterciens sont actuellement séparés, des liens étroits d’amitié et de collaboration existent entre eux, notamment dans les domaines de la formation et de la réflexion sur leur charisme commun. Leur habit est donc le même : tunique blanche et scapulaire noir retenu par une ceinture de cuir portée par-dessus ; l’habit de chœur est la traditionnelle coule monastique, de couleur blanche, d’où l’appellation de « moines blancs ».
Bien qu’ils suivent la règle de saint Benoît, les cisterciens ne sont pas à proprement parler considérés comme des bénédictins. En effet, c’est au IVe concile de Latran (1215) que « le mot « bénédictin » apparut pour désigner les moines qui n’appartenaient à aucun Ordre centralisé »4 par opposition aux Cisterciens. Mais de nombreux liens unissent les deux familles monastiques, en particulier dans le domaine de la formation.