Mesdames, messieurs,
Chers amis et camarades,
Nous sommes très heureux d’être ici pour rendre hommage à Guy Hermier.
Je pensais voir ici cette fameuse plaque déposée hier, mais elle a déjà disparu, signe d’une opération de campagne éphémère.
Guy, il faut le dire, notamment pour les jeunes générations, pour les nouveaux arrivants, dans cette ville port, ville d’échanges, ville-monde, a été le maire des quartiers Nord de Marseille, il en a été le député des années durant, il a été également le porte-parole du groupe communiste à la Région, notamment, face au arrangements se faisant dans le dos du peuple à l’époque ou Tapie et Le Pen faisaient tourner en bourrique la démocratie et la République, et où des alliances détestables se nouaient entre la droite et l’extrême droite.
Guy avait le respect des humains, et il était en même temps un combattant politique implacable, le premier adversaire de Jean-Claude Gaudin, à la région et à la mairie. Il incarnait avec force et passion les quartiers Nord et tout un peuple rebelle de cette ville et de ce département.
Je l’ai dit hier : Guy Hermier mérite un hommage de sa ville, il mérite que son nom soit associé à un lieu de ces quartiers Nord qu’il a défendus avec tant de force et d’engagement.
Il ne mérite pas, en revanche, que cela soit associé à une opération politicienne menée en catimini, à une tentative de récupération un peu ridicule, à un tel rétrécissement de son combat.
L’armée dans les quartiers, les drones dans les cités, l’austérité, le social-libéralisme, le BHNS à la place du métro, l’appel aux portuaires à reprendre le travail pendant le mouvement contre la réforme des retraites de Nicolas Sarkozy, le pacte de responsabilité et tant d’autres choses… je ne vois pas comment Guy aurait pu s’y reconnaître.
Chacun le sait, Guy était un communiste et non pas un socialiste, d’évidence.
Et j’ai été choqué lors des hommages qui lui ont été rendus à l’occasion du dixième anniversaire de sa disparition, d’entendre des responsables politiques dire que finalement même s’il était communiste c’était un type bien et que finalement, ce n’était pas l’essentiel de son engagement.
Je dois vous dire qu’à mon sens, et pourtant nous avons eu ensemble de nombreux débats, ses idées, son idéal étaient bien évidemment le moteur et la raison d’être de son engagement.
C’est pourquoi j’en appelle à la décence, à ne pas faire parler ceux qui sont morts en dénaturant la portée et le sens profond de leur combat.
Qu’on lui rende hommage, mais qu’on respecte son idéal et son engagement.
Je suis très heureux cependant qu’on lui voue une telle reconnaissance, signe de son empreinte dans cette ville.
Et peut-être cela témoigne-t-il de la mauvaise conscience des uns ou de l’infusion en cours pour les autres, on peut le souhaiter.
Car Guy, prenant la suite de François Billoux, a été un inlassable militant de l’union de la gauche et du rassemblement de la population. Sur des bases claires.
«Marseille, disait-il, n’est ni à vendre ni à prendre» «Les quartiers Nord sont l’avenir de Marseille», disait-il encore.
« Donner plus de force au PCF est une des conditions pour aller vers un large rassemblement sur des choix de gauche », disait-il encore en 1991.
Et en mars 1992, il lançait un appel : « Il est un moyen de ne pas renoncer à vos espoirs, au combat de toujours de la gauche, c’est de voter communiste. Je veux m’adresser aux jeunes qui refusent la vie au rabais qu’on leur impose : le vote communiste, c’est votre recours, c’est le vote de l’espoir. »
Dans ses gestes politiques, pour la gauche dans cette mairie de secteur, à l’hôtel de ville de Marseille comme à l’hôtel de Région, il a toujours voulu construire des dynamiques d’union.
La gauche, ce mot avait un sens pour lui.
Et si comme le disait Camus, mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde, il nommait là quelque chose de précis.
Quelque chose de précis à quoi beaucoup d’hommes et de femmes bien au-delà des rangs du parti communiste et du front de gauche sont attachés.
C’est à eux, c’est à elles, qu’il revient aujourd’hui encore de nommer la chose et de la mettre en action.
Si ce qui l’emportait toujours était notre appartenance commune à la même famille et au même parti, nous avions des désaccords.
Guy était un homme de conviction, qui voulait bousculer la réalité, qui cherchait des réponses politiques pour sortir du renoncement de la gauche et essayer de conquérir cette hégémonie culturelle dont parlait Gramsci.
Il voulait mettre en cause le déséquilibre en train de se consolider au sein-même de la gauche et c’était pour cela qu’il proposait la constitution d’un pôle de radicalité. Et je crois que le Front de gauche, s’il n’est pas exactement cela, doit quelque chose à cette idée.
Je parlais d’hégémonie culturelle. La culture, les idées. Il les portait toujours sur lui. Il cherchait toujours à élever le niveau des consciences, à tirer vers le haut.
Il était également inlassablement attaché à faire valoir les droits des habitantes et des habitants des quartiers Nord, à batailler pour qu’ils aient les équipements nécessaires, comme le métro qui, déjà était le combat des communistes.
Et je regrette d’avoir entendu pendant six ans que le métro était une utopie, que le BHNS était un progrès formidable et que c’était tout ce à quoi l’on pouvait prétendre.
Et je me félicite qu’à l’orée de la campagne, le gouvernement soit venu annoncer des études pour le métro quand nos pétitions n’avaient obtenu qu’un silence gêné auprès des élus locaux.
Nous avons gagné, la population a gagné, mais ce n’est qu’une première victoire. Il nous faudra plus que des études, il faut accélérer, construire le projet avec la population et ouvrir le chantier.
Et nous y ferons travailler les gens de nos territoires. Alors je l’ai dit, c’est la station Hôpital Nord qu’il faudra nommer Guy Hermier, car elle portera un peu plus loin que cette station nécessaire mais très insuffisante, ici.
Nous voulons ici poursuivre l’action engagée avec Guy Hermier, porter mieux la voix des hommes et des femmes qui en font la force et la personnalité.
Il ne s’agit pas ici de se disputer un héritage.
Ce que Guy a fait, ce qu’il a été n’appartient à personne qu’à lui-même et à ceux qui ont œuvré à ses côtés, parce que ce combat était un combat collectif et non pas celui d’un seul, tout cela n’appartient à personne qu’à ceux qui voudraient aujourd’hui le continuer.
Il s’agit de laisser résonner dans le présent l’écho de son combat.
Pour notre part, nous ne voulons pas nous en tenir à une évocation publicitaire, nous mesurons l’exigence de ce projet.
Marseille avait besoin de la voix de Guy dans les tourmentes des années 80 et 90.
Et Marseille du 21ème siècle a tout autant besoin de telles voix.
Je veux dire aux habitants de ces quartiers, aux marseillaises et aux marseillais, que nous n’avons pas oublié et que nous avons l’ambition d’être à la hauteur, de cette élégance populaire et agissante, bien sûr, mais de leurs aspirations, de leurs espoirs qui doivent bouleverser la donne politique et l’ordre social.
Je voudrais maintenant laisser la parole à mon ami et camarade Frédéric Dutoit, qui a côtoyé Guy ici, en action, que Guy avait choisi pour poursuivre la bataille. Et je veux vous annoncer que nous la poursuivrons ensemble à l’occasion de ces élections municipales.