Par souci de transparence intervention de jean Marc COPPOLA :
« Monsieur le Maire, chères et chers collègues,
Avec ce rapport, nous abordons deux sujets des plus sensibles de cette municipalité, l’école et le personnel.
Deux des sujets les plus abîmés dans cette municipalité par 25 années d’incurie de gestion, d’abandon, de maltraitance comme cela a été maintes fois souligné depuis des années et encore depuis le début de cette séance.
Deux des sujets qui ont conduits à une volonté de changement et aujourd’hui, et nous sommes au premier grand rendez-vous.
C’est certainement la raison aussi pour laquelle nous élu.e.s de la majorité y consacrons autant de temps de réflexion, de discussion, et d’énergie pour agir utilement.
L’école, la crèche tout d’abord, qui sont les premiers lieux de socialisation, d’éducation, d’apprentissage, d’épanouissement, de construction de la personnalité des enfants.
Principales compétences d’une commune, ce sont les endroits dans lesquels les jeunes enfants font leurs premiers pas dans la vie en société et qui devraient avoir la plus grande attention de la part des adultes, et de surcroît des élus.
Mais à Marseille ce sont, pour beaucoup, des endroits de souffrances humaines par des années au cours desquelles ce ne fut pas la priorité de l’ancienne majorité.
Souffrance pour les enfants de ne pas y être accueillis dans les meilleures conditions, ce qui créé une inégalité que la République doit urgemment corriger par un accompagnement de l’Etat à la ville la plus sinistrée.
Souffrance pour les enseignants qui dans de trop nombreux cas n’ont pas toutes les conditions matérielles d’exercer leur métier, leur engagement, leur sacerdoce.
Et quand je parle de conditions matérielles, je cible également ce qu’il manque dans l’environnement de l’école, c’est-à-dire des bibliothèques, des piscines, des stades, des transports dignes de la 2ème ville de France.
Souffrance pour les parents, pour qui les enfants sont la prunelle de leurs yeux et ne voient pas dans de nombreuses écoles marseillaises l’attention qu’ils sont en droit d’attendre pour leurs bambins.
Souffrance enfin pour les personnels non enseignants qui travaillent depuis des années sans considération, sans reconnaissance, dans des conditions de travail indignes de notre époque et de notre cité.
Souffrance accrue ces derniers mois par la pandémie, avec des protocoles qui viennent arbitrairement du gouvernement sans réellement prendre la mesure des difficultés à les mettre en œuvre et surtout sans apporter de moyens supplémentaires aux collectivités.
Ainsi avec cette délibération et pour la première fois depuis bien longtemps nous parlons de ces agentes qui se sentent invisibles, ce qui constitue déjà de la reconnaissance pour ce qu’elles sont et ce qu’elles font.
Il faut comprendre ce qu’elles vivent et ce qu’elles ressentent, les missions qui leurs sont confiées et les limites de l’exercice de leur métier du fait de l’insuffisance de moyens octroyés par la ville pour comprendre celles qui rongent leur frein dans leur coin jusqu’au jour où elles craquent d’épuisement et tombent malades.
Et comprendre celles qui cessent le travail comme un ultime cri de détresse pour être entendues et reconnues.
Nous savons toutes et tous ici, élu.e.s de la majorité, qu’un protocole encadrant le droit de grève a une portée plus que limitée pour répondre à ces souffrances et à 25 années de maltraitance.
Ce protocole est perçu par beaucoup et à juste titre comme une atteinte à la liberté d’exprimer de manière collective, ses difficultés, ses traumatismes, ses exigences à vivre et à travailler mieux.
Aussi Monsieur le Maire, et même si des évolutions ont eu lieu depuis la première version, nous ne pouvons pas donner un blanc seing à un protocole, qui est contraire à nos convictions profondes, surtout en cette période tourmentée de recherche de libertés et de droits supplémentaires.
Par contre, parce que vous avez bien perçu les souffrances des personnels, nous vous remercions d’avoir entendu les personnels et les organisations syndicales qui portent leurs revendications alors qu’elles n’ont pas signé ce protocole.
En d’autres temps, ces syndicats auraient été méprisés, parce que ne se pliant pas au bon vouloir du premier magistrat de la ville.
Aujourd’hui ils sont enfin pris en compte car ils représentent aussi une partie du personnel indispensable au bon fonctionnement des services publics et au redressement de notre cité.
Aussi nous notons qu’avec la période expérimentale de mise en œuvre de ce protocole, vous avez l’humilité de tenter une expérience et d’en tirer les enseignements à la fin de l’année scolaire. Nous comptons sur vous pour une application intelligente de ce protocole et nous y serons attentifs.
Mais surtout nous apprécions tout le volet social d’accompagnement qui est une véritable avancée pour les personnels des écoles et des crèches, certainement la première grande avancée depuis des décennies.
Plan pluriannuel de recrutement, réorganisation de ce service public, augmentation du taux d’encadrement, allègement de la pénibilité par une mesure courageuse d’augmentation des temps de repos, prime, l’effort de la municipalité donne le ton de notre volonté de s’attaquer à un problème que ne connait aucune autre commune de notre pays.
Enfin, nous apprécions la mise en place d’une commission d’enquête qui enfin mettra au grand jour les causes profondes des dysfonctionnements.
Pour toutes ces raisons et avec la volonté et la détermination de continuer à travailler aux solutions structurelles, nous aurons une position responsable sur ce rapport en nous abstenant.