Par Christian Pellicani (1)
Sur l’ensemble de la façade maritime de la région Provence Alpes Côte d’Azur, les amis politiques du maire de Nice mettent en œuvre des politiques d’exclusion, dénommées en sociologie « Gentrification ».
Politiques que l’on peut résumer par une libéralisation des espaces en les privatisant, comme pour les plages dans les Alpes-Maritimes. Le domaine public devient une marchandise que les majorités ex-UMP (faussement dénommées les Républicains) bradent en vendant les terrains ou en passant des Délégations de Services Publics (DSP) pour leur gestion. Les Varois et les Marseillais sont maintenant logés à la même enseigne.
Dans le domaine des transports, le président intérimaire de la communauté urbaine Marseille Provence Métropole (en attendant l’élection de l’exécutif de la Métropole Aix-Marseille), pour ne pas le nommer, Monsieur Guy Teissier, coule, avec les mêmes mécanismes de prix, le service public maritime que nous avions gagné contre vent et marée.
Les navettes maritimes, « batobus » qui relient le Vieux Port aux quartiers de l’Estaque et de la pointe Rouge ont vu leurs tarifs doublés cette saison, en portant le billet à l’unité de 2.50 € à 5 €.
Ne pouvant supprimer d’un trait de plume une conquête populaire de la précédente mandature, l’affidé de Christian Estrosi transforme un service public de transport en produit touristique élevant au niveau du luxe la desserte maritime : 10 € l’aller-retour. Pour une famille de quatre personnes, le coût devient insupportable et un seul repli : la voiture !
Car, n’en déplaise aux promoteurs de cette casse, sciemment programmée, le réseau de transports collectifs, à Marseille, n’est toujours pas au niveau d’une métropole. En la matière, l’incantation ne suffit plus : les habitants attendent des actes.
Il en est de même sur l’accès au logement comme pour l’ensemble des services publics pour lesquels on nous retire le titre « d’usager » pour nous ramener au statut de « client » : de l’hôpital, de la poste, de l’école, des transports, pour l’accès à l’eau… Alors que nos impôts, locaux et nationaux, participent à leurs investissements et, pour une grande part, à leur fonctionnement. Mais ils sont dévoyés pour alimenter l’appétit des actionnaires des groupes industriels de ces services.
L’actualité de l’été met en relief les interdictions d’accès du littoral et des plages pour nous tous, pour en garder la jouissance à quelques-uns argentés, comme à Golfe Juan. Mais ne nous trompons pas, le roi saoudien est l’arbre qui cache une forêt de privatisations plus larges et subtiles : des rues sont soustraites au domaine public, des places et des plages.
Les collectifs de citoyens, d’usagers qui se retrouvent sur l’ensemble du littoral doivent être encouragés et trouver un écho dans les médias afin de faire reculer ce vent libéral qui confond l’intérêt général et celui des affaires.
Pour les échéances de décembre 2015, nous devons poursuivre l’écriture collective du « Pacte Régional » mis en débat par Jean-Marc Coppola pour définir un projet partagé pour notre région.
Devenons tous acteur du projet régional pour faire reculer et battre les porteurs d’illusions et de mesures d’austérités, qui du FN aux ex-UMP, rivalisent en matière d’exclusion.
(1) Conseiller du premier secteur de Marseille, directeur de la revue Naturellement.