Les résultats du 1er tour des élections municipales confirment s’il en était besoin que le temps est vraiment venu d’une contre-offensive pour reprendre la main politique et idéologique face au FN et à toutes les forces conservatrices et populistes de droite qui n’hésitent plus sous des formes diverses à s’allier à lui.
Le FN, scandaleusement médiatisé, n’est ni le parti du peuple, ni une force anti capitaliste. C’est le parti de la haine et du rejet de l’autre qu’il soit étranger ou pauvre.
Il est prêt à défendre l’ordre établi, au prix d’un autoritarisme répressif ; il veut détruire nos services publics et vendre les logements sociaux ; sa préférence nationale n’a pour objectif que de diviser les pauvres, les salariés et les chômeurs.
On ne défend pas le peuple quand on le divise. On permet au contraire aux puissants de continuer de régner.
Le FN est plus que jamais la roue de secours d’une droite aux abois et d’un capitalisme en crise. Ce n’est pas de ce côté là que se situe l’espoir mais du côté du Front de gauche et de son ambition de construire un front populaire pour rouvrir l’espoir d’une vie meilleure.
Face au FN, La contre offensive :
Le livre d’Alain Hayot commence par tordre le cou à un certain nombre de fausses évidences à propos du Front national. Le Front national n’est pas un parti à part, hors système. Il s’inscrit dans une vielle tradition : la droite légitimiste, monarchiste et antirépublicaine. À l’intérieur de ce courant il s’identifie au national populisme apparu fin du XIXe siècle. La stratégie du front républicain, en même temps qu’elle donnait corps à l’idée que gauche et droite ne se distinguaient plus, a sans doute contribué à accréditer la thèse d’un FN au-delà des clivages traditionnels. Ensuite, le vote Front national n’est plus un vote protestataire, un refus radical du politique ; « c’est majoritairement un vote d’adhésion à une vision de la société, à une conception des rapports sociaux ». Enfin, « le vote FN n’est pas le vote de la désespérance sociale, c’est le vote de la peur de la désespérance sociale et de la peur du déclassement ».
Comment le combattre ? D’abord en ayant bien à l’esprit que la crise économique et sociale n’explique pas à elle seule la montée du national populisme. « Il ne suffira pas de faire reculer le chômage pour couper l’herbe sous les pieds du FN ». Le parti d’extrême droite est porté par trois grandes crises. La crise économique bien sûr, mais aussi une crise de sens et une crise politique. La crise de sens est la conséquence de l’exposition des individus à une foule de « processus déstabilisateurs » générant peurs et angoisses quotidiennes. En l’absence d’une alternative transformatrice, le FN s’appuie sur ces dernières et propose des « solutions ». La crise de la politique est la défiance désormais bien installée à l’égard de la « classe politique » et des « élites ». Mais c’est aussi et plus profondément notre conception de l’État, de la République et de la démocratie qui est en crise.
Le combat contre le FN, même s’il a une dimension théorique, doit commencer sur le terrain, en renouant des « liens de solidarité » dans les entreprises, dans les quartiers urbains, comme dans les espaces néoruraux. C’est sur la base de ces solidarités que le travail de politisation pourra s’opérer. Parallèlement, il faudra œuvrer à la démocratisation de notre démocratie fatiguée en imaginant de nouvelles formes institutionnelles.
Ces combats ne pourront se déployer que dans le cadre d’un « projet d’une société d’émancipation humaine » croisant « l’espérance communiste » et les aspirations des nouveaux mouvements sociaux.
La Revue du projet, n° 35, mars 2014