« MAIN BASSE SUR LA VILLE » (1963)
04 NOV 2019 Agora guy Hermier , angle chateaubriand/sauveur Tobelem à 18h00 :
À Naples, dans les années 60, une bande de politiciens corrompus, de promoteurs immobiliers rapaces, se disputent des taudis insalubres pour les raser et y bâtir des bâtiments modernes en remplissant copieusement leurs poches au passage. « MAIN BASSE SUR LA VILLE » se concentre sur leurs magouilles sordides, leurs petits arrangements entre amis, leur hypocrisie, reléguant le peuple misérable et affamé à sa vraie place : celle de figurants impuissants et ballottés à loisir en période électorale.
Francesco Rosi signe une magistrale leçon de politique, d’une froideur et d’une lucidité à faire peur, sans jamais s’ériger en donneur de leçon ou en moralisateur. Seuls le député de gauche et un médecin écœuré font figure de personnages positifs. Tous les autres ne sont que des fantoches emblématiques, sans réelle personnalité, réduits à ce qu’ils sont vraiment : des vieillards obèses et cyniques, dépourvus d’âme ou de fibre sociale.
C’est avec fascination et effarement qu’on suit ces luttes intestines, ces trahisons feutrées, ces volte-faces honteuses, filmées façon reportage par une caméra en état de grâce, totalement au service du récit et du message des auteurs. Ici, même les zooms, les plans flous, les regards-caméra des figurants participent de cette ambiance « sur le vif » parfaitement restituée.
Au sein d’un cast confondant de réalisme, dont on oublie rapidement qu’il est constitué de comédiens professionnels, Rod Steiger s’intègre sans problème, dans le rôle du conseiller municipal/promoteur odieux et pourri jusqu’à l’os. Sobre, intense, sous pression, impressionnant de fureur rentrée, il est crédible à 100%, ce qui n’était tout de même pas vendu d’avance dans ce contexte italo-italien.