Marsactu : Le quatrième et dernier atelier de vos assises citoyennes – sur les thèmes « vivre ensemble » et « démocratie locale » – referme un exercice que vous qualifiez de « contre-primaires ». C’est-à-dire ?
Jean-Marc Coppola : C’est tout le contraire de ce casting, cette course à l’échalotte pour départager des personnalités mais qui met de côté le projet. Or, c’est sur quoi les gens se rassemblent, même si la politique passe par des hommes et des femmes. Nous voulons mettre dans le coup les Marseillais, préfigurant ce que nous envisageons en terme de rénovation de la démocratie municipale. Nous voulons mettre en place des lieux d’élaboration, de mise en oeuvre et d’évaluation des politiques et pourquoi pas jusqu’à confier des budgets participatifs, il ne faut pas craindre ça. Il faut passer d’une démocratie délégataire à une démocratie citoyenne, pas simplement pour informer mais pour associer. Ça ne veut pas dire que nous sommes démunis d’idées, mais je crois beaucoup à l’éducation populaire, qui n’est pas un concept descendant de « sachants ». Ce sera un axe aussi fondamental que le programme.
L’étape suivante, c’est de formaliser votre stratégie ?
On a déjà la trame des propositions. En juillet-août, on ne va pas chômer : un petit groupe va travailler à rassembler tout ce qui s’est dit, avant d’autres événements de proximité en septembre. Dans les semaines qui suivront, on rendra compte de notre stratégie, ainsi nous ne serons pas suspendus au résultat des primaires. Mais on ne peut pas faire des assises et avoir pré-déterminé la stratégie. Les gens seraient là pour co-élaborer le projet mais la stratégie ce serait le Front de gauche ? Je veux entendre ce qu’ont à dire les Marseillais.
Vous avez tout de même déjà bien des idées à ce sujet…
Nous voulons le rassemblement le plus large possible des hommes et des femmes de gauche, pas une liste Front de gauche en cavalier seul.
Des hommes et des femmes de gauche, pas des partis. Pas d’accord en vue avec le PS donc…
Nous ne sommes pas dans une démarche de sommet. Il se dessine de plus en plus l’idée qu’il faut tenir compte des deux tours, c’est en tout cas mon opinion. Notre objectif c’est de battre la droite et le FN. Mais pour y arriver, on peut offrir au premier une palette de choix.
Qu’en est-il des Gabians, avec qui vous avez jeté des passerelles, tout comme les écologistes ? Vous pourriez envisager une liste commune ?
Il y a des convergences sur un certain nombre d’idées, de propositions. Quand je dis un large rassemblement à gauche, ne nous interdisons rien. Encore une fois, je ne souhaite pas, dans l’hypothèse où nous allons vers des listes Front de gauche, que ce soit étriqué.
Vous critiquez une primaire PS tournée vers les personnalités, mais elles ont déjà fait émerger des propositions. Vous paraissent-elles compatibles avec celles Front de gauche ?
Il y a des choses intéressantes, mais il reste des fondamentaux sur lesquels c’est très compliqué. Un seul exemple : la métropole, où nous sommes la seule force politique sur Marseille à être opposée.
Plusieurs candidats insistent fortement sur un changement de la gouvernance. Ça colle avec vos propositions pour la « démocratie locale ».
Oui, mais il faut faire attention aux promesses. S’il n’y avait pas eu le Front de gauche à la région, on n’aurait pas eu le conseil régional des jeunes, les comités de ligne. Le PS a une conception un peu élitiste du pouvoir, il faudra oser. Nous le pratiquons dans certaines communes, jusqu’au budget participatif.
En revanche, sur le cas Guérini, le silence des communistes – notamment de sa majorité au conseil général – est-il tenable ? Au sein du Front de gauche même, le Parti de gauche se montre très offensif sur ce point…
C’est vrai que c’est un problème. Si j’étais conseiller général, je me positionnerai différemment, quelque part ça discrédite le discours que nous pouvons tenir. En même temps – et c’est là la différence avec le Parti de gauche – on ne peut pas se situer en Zorro, en moralisateur. La meilleure façon c’est de pratiquer ce que je viens de développer. C’est pareil avec le FN, je pense que ce n’est pas en moralisant qu’on gagnera mais en faisant de la politique.