A l’attention de Monsieur François Hollande
Président de la République Française
Palais de l’Élysée, 55, rue du Faubourg Saint-Honoré, 75008 Paris.
Marseille, le 7 mai 2012
Monsieur le Président,
Permettez-moi de vous adresser mes félicitations pour votre élection à la Présidence de la République française, au terme d’une bataille politique difficile. Elles s’adressent également à tous ceux et celles qui ont permis cette élection, à ce peuple de gauche qui a su se mobiliser pour sortir du cauchemar que fut le quinquennat précédent. Et nous sommes fiers, avec le Front de gauche, d’y avoir notre part.
Depuis les Bouches-du-Rhône, je voudrais vous dire que les attentes sont immenses. Je ne veux même pas parler ici des changements majuscules qui sont à opérer en France et en Europe face à la mainmise des marchés financiers, et dont nous aurons l’occasion de débattre dans les semaines et les mois qui viennent, à l’Assemblée nationale et dans le pays.
Si j’ai pris la décision de vous écrire dès le lendemain de votre élection, c’est pour vous parler, au risque d’en oublier, des urgences qui sont sur la table, de ces dossiers chauds pour lesquels se sont levés des hommes et des femmes face à un gouvernement précédent au mieux absent.
Sur chacun de ces dossiers, il y a besoin d’une intervention politique vigoureuse, qui ne nécessite pas dans l’immédiat de modifier la loi. Vous allez nommer un gouvernement provisoire. Son intervention, la vôtre, peuvent très simplement permettre d’entrevoir des issues aux difficultés. Elles le doivent. Car il faut vous avertir que toute déception à l’égard de ces attentes très concrètes aurait de graves conséquences humaines.
– Les salariés de Fralib sont en lutte depuis des mois et des mois face à la multinationale Unilever. Vous les avez rencontrés à plusieurs reprises. Ils ne demandent qu’une chose : la possibilité de poursuivre la production de thé et infusion en Provence. Le gouvernement précédent, le ministre du travail, ont soutenu la multinationale.
Nous vous demandons d’intervenir avec force pour obtenir raison auprès de la direction du groupe et soutenir leur projet. Par le jeu de sociétés écrans, il paraîtrait qu’une partie des revenus de l’entreprise ait échappé à l’impôt. Par ailleurs, il semblerait que l’administration ait été empêchée de produire les observations nécessaires à une remise en cause de la procédure en cours. Nous vous demandons de la libérer afin qu’elle se place résolument du côté du droit. Nous vous demandons de refuser toute aide aux dirigeants s’ils voulaient vider l’usine.
– Le Grand Conseil de la Mutualité, dont les oeuvres sanitaires sont utilisées par 10% de la population de notre territoire est en grand danger. Le tribunal lui a donné quelques mois de plus pour présenter des solutions. Il y a besoin de débloquer un fonds d’urgence et d’envisager des financements pérennes pour garantir la poursuite de son activité et son développement. Quelques décrets lui donnant les mêmes droits que d’autres acteurs de santé pourraient déjà nous mettre sur le bon chemin. Les Centres de santé mutualistes sont des structures vitales pour garantir l’accès aux soins dans notre département et porteuses d’un projet sanitaire d’avenir.
– La situation de la SNCM et de la CMN est critique. La déconfiture de SeaFrance, gérée avec le plus grand cynisme par le gouvernement de droite peut nous faire craindre le pire. Les salariés, vous le savez, attendent votre engagement quant au vote d’une loi protégeant le pavillon français première catégorie – une proposition de loi en ce sens a été déposée au Sénat. La continuité territoriale avec la Corse doit être assurée dans les meilleures conditions, cela relève du service public, et la concurrence déloyale organisée contre les deux opérateurs historiques est d’autant plus inacceptable qu’elle se fait avec les deniers publics. Afin d’en finir avec cette situation d’incertitude, l’Etat doit intervenir pour l’établissement de conventions claires, et donner à la collectivité territoriale de Corse, les moyens de faire face par le dégel de la dotation de continuité territoriale.
– La centrale électrique de Gardanne, dirigée par E-ON, attend depuis des lustres la publication du décret autorisant la construction de l’unité biomasse, qui doit permettre de poursuivre la production d’énergie nécessaire, le maintien des emplois, et le développement de la filière bois. Nous vous demandons de publier ce décret.
– La raffinerie de LyondellBasell à Berre est à l’arrêt, sous cocon. Elle peut redémarrer à tout moment, mais chaque jour qui passe voit s’évaporer les compétences nécessaires. Or cette raffinerie est un maillon important dans la chaîne pétrochimique. Le gouvernement précédent, malgré nos appels et un courrier au Premier ministre signé par de nombreux élus demeuré sans réponse, est resté l’arme au pied pour trouver un repreneur. Il faut dégager rapidement des pistes en évitant les prédateurs, en attendant la constitution d’un pôle public de l’énergie et l’introduction d’une maîtrise publique sur le rafffinage. De plus, un projet d’hydrocraqueur à mutualiser entre les différentes unités de production du pourtour de l’étang de Berre est sur la table, afin de mieux adapter la production de carburant aux besoins de notre parc automobile. Cela pourrait être l’un des grands projets à mettre en oeuvre avec les acteurs concernés pour ouvrir des perspectives.
– La reprise du pôle vinylique d’Arkema par le financier Gary Klesh crée de nombreuses inquiétudes. Technologie de pointe, besoins en plein essor, intégration de l’activité dans une filière cohérente, normes environnementales, droits des salariés et défense de l’emploi, tout plaide pour une stabilité et une pérennité des sites de production.
L’Etat doit jouer tout son rôle auprès d’Arkema pour qu’il impose au repreneur des garanties majeures quant à l’ensemble des enjeux.
– La chasse aux sans-papiers doit immédiatement cesser et leur régularisation être mise à l’ordre du jour. Des solutions d’accueil dignes et d’accompagnement social doivent être mises en place pour les Rroms.
Voilà, monsieur le Président, quelques uns des sujets majeurs sur lesquels il existe une urgence et une attente populaire forte.
Je pourrais également vous parler de la suppression des RASED qui est un choix désastreux pour les enfants les plus en difficultés et la lutte contre l’échec scolaire, des recalculés du droit à la retraite qu’il faut rétablir dans leurs droits, des besoins d’investissements du Grand Port Maritime de Marseille-Fos, de la politique du chiffre qui désespère les travailleurs sociaux, des moyens nécessaires à la réhabilitation des quartiers et à la construction de logements sociaux, du manque d’infrastructures de la ville de Marseille, de la réforme des collectivités qui doit être suspendue, du plan de destruction de l’hôpital qui exige un moratoire immédiat… Nous aurons l’occasion d’y venir.
Nombreux sont les défis qui se posent à la nouvelle majorité que nous appelons de nos voeux, après ces longues années de traumatismes. Nous avons beaucoup lutté pour l’intérêt général, pour les droits de chacune et chacun, pour la dignité humaine. Nous l’avons fait contre le pouvoir en place. C’est d’abord cela qui doit changer.
Sur chacun de ces sujets, vous nous trouverez avec mes amis du Front de gauche mobilisés afin d’obtenir des réponses précises et rapides. Nous avons bien l’intention d’agir pour que la politique se fasse avec les hommes et les femmes et pour eux. Nous sommes déterminés à jouer un rôle politique fort dans la nouvelle assemblée, pour faire réussir la gauche, et pour ouvrir un avenir à notre peuple.
Dans l’attente, veuillez agréer, monsieur le Président de la République, l’expression de ma considération républicaine au sens plein et retrouvé du terme.
Pierre Dharréville, Secrétaire Départemental du P.C.F.13, Conseiller Municipal du Rove
Fédération PCF13 – 280 rue de Lyon – 13015 MARSEILLE – tél : 04 95 05 10 10 – fax : 04 91 58 57 24 – Email : contact@pcf13.fr – site : www.pcf13.fr