Un incendie a détruit les décors parfois historiques du Ballet national de Marseille et les archives du théâtre du Gymnase stockés à Saint-Marcel. Désastre et perte inestimable.
L’entrepôt des accessoires et décors du Ballet national de Marseille situé 73, boulevard de Saint-Marcel dans le 11e arrondissement de Marseille, a été entièrement ravagé par les flammes dans la nuit de mardi à mercredi.
Bien plus qu’un désastre matériel et financier, c’est l’âme et la peau du Ballet qui sont touchés et avec la mémoire du théâtre du Gymnase dont 25 années d’archives (affiches, photos et textes) ont été réduites en cendres. « C’est une véritable catastrophe, il ne nous reste plus rien ! », se lamente Frédéric Flamand, le directeur effondré du BNM (lire ci-dessous) qui ne cesse de recevoir des messages de soutien. Des 4 000 mètres carrés du local prêté par la Ville, il ne restait au petit matin que des pans de mur, des taules cramoisis et des gravats fumants que les bulldozers déblayaient.
« Je me suis dit c’est mort, tout brûle ! »
« C’est toute une mémoire et c’est surtout ça qui donne envie de pleurer », désespère le directeur du théâtre du Gymnase, Dominique Bluzet. Rien ne reste sinon les souvenirs de Bérénice avec Kristin Scott-Thomas et Richard III avec Philippe Torreton. Adieu la tournée américaine de Vers toi terre promise, nue, sans décor.
Le sinistre s’était déclaré peu après 2h20 dans les locaux de la société de déménagement 3D Services avant de se propager aux entrepôts de la zone industrielle aménagée dans l’ancienne usine Prior. Partiellement touchés, le centre communal d’action sociale, un centre de culture ouvrière un club de Karaté, un laboratoire d’analyses, une société de gardiennage, une discothèque et des salles de fête.
80 marins-pompiers et une vingtaine de véhicules avaient lutté sans relâche toute la nuit pour venir à bout d’un feu qui s’est nourri de meubles, de cartons, d’emballages, de décors, de bouteilles de gaz et d’acétylène, générant « un panache de fumée de 50 mètres de haut et des flammes de 15 à 20 mètres », suivant le rapport d’intervention du bataillon dont les pompes ont propulsé jusqu’à 10 tonnes d’eau à la minute.
« Quand j’ai vu les flammes, je me suis dit c’est mort, tout brûle ! », raconte un vigile accouru sur les lieux. « Pour moi, ça prend pas comme ça direct, c’est quelqu’un qui a jeté une cigarette », affirme-t-il. « Nous, on a des caméras de surveillance de jour et la télésurveillance la nuit car la zone reste toujours ouverte pour faciliter l’intervention des pompiers. »
« Je pense à une défaillance électrique »
Sur place, Patrick Daumas, le gérant de 3D Services d’où le sinistre serait parti, conteste : « Moi j’ai vu le feu dans un triangle entre le ballet, la salle d’escalade et chez nous », affirme-t-il. « Je pense à une défaillance électrique. Mon fils qui a un loft sur place a entendu un gros bruit, des crépitements et a donné l’alerte. Il a pensé à des squatters sur la voie ferrée voisine. » Pas abattu, il donnait déjà des coups de fil pour se relancer. « Demain, on rebosse ! »
Sa société compte de 12 à 27 salariés en période faste de saisies mobilières. Car elle était en quelque sorte le garde meuble des huissiers qu’elle assiste. 3D Services y stockait dans des box un fatras d’objets et de meubles. « Vous savez, c’était pas du Louis XV donc en terme d’indemnisation cela ne posera pas de difficultés particulière », glissait, déjà sur place, l’envoyé d’un cabinet d’audit qui ignorait que le véritable désastre patrimonial, et irréparable celui-là, se trouvait à côté.
DAVID COQUILLE
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