L’élu Front de gauche du Conseil municipal de Marseille tacle une vision « libérale » de l’avenir de Marseille
Conseiller municipal et métropolitain Front de gauche, élu des 1er et 7e arrondissements, Christian Pellicani, militant de longue date pour l’environnement, entretient volontiers un rôle de « sentinelle ».
Croyez-vous que les problèmes de ramassage des ordures, notamment aux Catalans, sont dus à la mise en oeuvre de la Métropole qui a bloqué les recrutements ?
Christian Pellicani : Monique Cordier (élue LR en charge du dossier, Ndlr) est gonflée : ça fait trois ans qu’elle est en charge du dossier et elle fait partie d’une majorité qui a mis en oeuvre la métropolisation à marche forcée. Entre les travailleurs, les touristes et les 70 000 habitants, on a un centre-ville très fréquenté qui produit des déchets plus qu’ailleurs. Et les moyens mis en oeuvre sont largement en dessous des besoins. Si on ne donne pas la possibilité aux mairies d’arrondissements de gérer le nettoiement, les habitants ne verront jamais rien. Il faut donner aux mairies de secteur les moyens d’agir.
Pour certains affairistes et libéraux qui hantent certains couloirs de la ville, le port est une espèce de gâteau à se partager : un coup c’est le foncier, un coup c’est la privatisation des services publics… Alors qu’il se passe des choses intéressantes, comme le centre de géothermie marine, qui est une belle initiative.
À Marseille, on ne peut pas encore s’inscrire via internet sur les listes électorales. Pourquoi ce retard ?
Au risque de paraître rétrograde, je pense que ce n’est pas un retard. L’acte citoyen de voter est important et tout faire par internet n’est pas un progrès. Beaucoup de personnes âgées n’y ont pas accès. Il faudrait que les personnels municipaux puissent aller à la rencontre des citoyens et être à leur disposition. L’état civil est trop important pour n’être traité que par internet.
L’arrestation d’un interne radicalisé vous inquiète-t-elle ?
L’intégrisme religieux frappe tous azimuts. Des jeunes peuvent être attirés par l’appât du gain ou le besoin de combler un vide et cela peut aussi toucher la bourgeoisie. Personnellement, j’ai peur en me levant le matin de ce système qui produit des inégalités qui font basculer des gens dans le vide. Moi, je dirais qu’il faut nous battre ensemble pour changer le monde.
Christian Estrosi a-t-il eu raison d’aller en Israël ?
Qu’il y ait des relations entre la droite française et les extrémistes israéliens n’est pas nouveau. Si j’étais lui, je me soucierais plus du chaos qu’il est en train de créer à la Région, avec des bouleversements dans les services plutôt que de se prendre pour un ministre des Affaires étrangères qu’il ne sera jamais. D’ailleurs, il me rappelle étrangement son prédécesseur socialiste (lire également en p. V).
Fallait-il gracier Jacqueline Sauvage ?
Oui. Même si les juges ne sont pas d’accord, la grâce fait partie des prérogatives du Président. Il n’en a d’ailleurs pas abusé. Vu les sévices qu’elle a subis, cette femme a déjà payé pendant plusieurs années en prison. Cela pose aussi la question de la justice qui n’a pas suivi la grâce partielle. Mais ce n’est pas pour autant que je vais crier « François, reviens !«
Sylvain Pignol
Source: La Provence – En 2017, plus de justice sociale que de charité chrétienne