Anne Sabourin, représentante du PCF au sein du Parti de la gauche européenne, expose les enjeux de l’université d’été qui s’ouvre en Hongrie.
Le Parti de la gauche européenne (PGE) est une confédération des partis communistes, progressistes et rouges-verts du continent. Son université d’été s’ouvre à Budapest aujourd’hui avant un Forum à Marseille en novembre.
Pourquoi avoir choisi la Hongrie ?
C’est un symbole fort dans ce pays dirigé par Viktor Orban d’affirmer qu’il existe un alternative au libéralisme de l’Union européenne et à sa forme populiste et xénophobe subie par les Hongrois. Ce sera utile au parti des travailleurs de Hongrie, membre du PGE. La Hongrie est un pays-clef dans le rapport de forces européen. Elle s’est organisée avec les États d’Europe centrale les plus réactionnaires dans le groupe de Visegrad qui s’oppose à toute politique d’accueil et d’hospitalité à l’égard des migrants.
Quels sujets sont à l’ordre du jour ?
Nous allons évoquer l’Europe centrale, comment y reconstruire une gauche. C’est toute la question de l’ère post-soviétique. Nous travaillerons également sur les modalités de convergences des progressistes européens pour constituer des fronts sur des axes de bataille communs en Europe mais aussi dans le monde. Nous échangerons également sur les questions de défense et de sécurité à l’heure où Emmanuel Macron a décidé de prendre le leadership d’une relance de la construction européenne fondée sur la défense, en total accord avec les objectifs de l’Otan et les exigences de Donald Trump.
Le gouvernement présente le Brexit comme une aubaine pour la France, quelle est votre analyse ?
Le Brexit offre un vrai prétexte pour encore plus de guerre économique. Les libéraux comme Macron disent que la concurrence s’est accrue avec la politique de Theresa May et qu’il faut donc baisser les taxes sur les activités financières pour tenter d’attirer des capitaux. À la fin, ce n’est pas une aubaine pour la France mais pour les financiers.
Les débats sur l’euro divise-t-il toujours la gauche européenne ?
Au PCF, nous avons été contre la manière dont s’est construit l’euro dès le départ parce que nous pensons que ce n’est pas l’outil mais les objectifs qui lui sont assignés qu’il faut remettre en cause. Il faut prendre du pouvoir sur les institutions bancaires européennes pour qu’elles financent le développement des services publics, la transition écologique… Nous sommes pour la souveraineté populaire et nous refusons que l’euro ait été utilisé pour asphyxier la Grèce.
Quels enseignements tirez-vous de l’expérience grecque?
Il n’y a pas un homme, un parti, un peuple, un État, qui puisse être seul en capacité de transformer le rapport de forces à l’échelle nationale et européenne, surtout lorsqu’il s’agit d’un petit pays. C’est pourquoi nous avons l’obsession de rassembler les différentes forces qui se battent pour ceux qui ont objectivement intérêt au changement. C’est aussi pourquoi nous voulons faire émerger une construction régionale alternative à l’Union européenne telle qu’elle est, qui résiste aux logiques du capitalisme libéral.
Un Forum des progressistes européen sera organisé en novembre à Marseille. Quel est son objectif ?
Nous voulons passer d’une succession de rencontres ponctuelles à la construction d’un front durable des progressistes, structuré sur des campagnes communes. Nous voulons aussi élargir ce front à de nouvelles forces.
Propos recueillis par Léo Purguette