Jean-Luc Mélenchon sur le plateau de l’émission « Questions d’info », le 1er février 2012.DR
Le candidat du Front de gauche à l’élection présidentielle, Jean-Luc Mélenchon, était l’invité de l’émission « Questions d’info », une émission diffusée sur LCP à 19h30 en partenariat avec Le Monde, AFP, France info et Dailymotion.
L’Inde est entrée en négociation exclusive avec Dassault pour l’achat de 126 Rafale. Est-ce une bonne nouvelle ?
C’est bien que le Rafale trouve preneur à l’étranger, c’est le meilleur avion du monde. Pour quelqu’un comme moi qui prône le désarmement, c’est une bonne chose quand la France est forte.
Vendre des armes est le meilleur moyen d’arriver au désarmement ?
Non, mais nous, Français, n’avons pas d’autres moyens de garantir notre indépendance. Je ne suis pas un naïf. Le véritable danger, c’est la pression nord-américaine, 700 000 hommes de troupe sur cinq continents, leur habitude de recourir à la force, leur base de Guantanamo où on continue à torturer. Les régimes progressistes ont intérêt à être tranquillement en état de ne pas se laisser intimider.
Cette vente est-elle une bonne nouvelle pour l’industrie française ou pour votre ami Dassault ? Que voulez-vous dire ? Que je suis lié à l’industrie de l’armement ? M. Dassault, je l’ai plié politiquement aux élections sénatoriales. Mais ça n’empêche pas d’avoir de la courtoisie et des relations normales. Et ça ne m’empêchera pas, si je suis élu, de le rendre beaucoup moins milliardaire qu’il ne l’est aujourd’hui. Je lui appliquerai le même régime qu’aux autres : au-delà de 360 000 euros de revenus par an, je prends tout.
Dans son intervention télévisée, dimanche 29 janvier, Nicolas Sarkozy s’est beaucoup référé au modèle allemand. Il devrait être candidat là-bas, il aurait peut-être plus de chances qu’ici ! Les libéraux ont toujours besoin d’un modèle. Autrefois, c’était les petits tigres celtiques, aujourd’hui, c’est l’Allemagne, la retraite à 67 ans, le job à 1 euro et l’obligation d’aller prendre n’importe quel travail sinon on vous supprime toutes vos ressources. Je le leur laisse.
Que ferez-vous ?
D’abord, arrêter la saignée, en mettant à la frontière de l’Europe des visas environnementaux et sociaux sur les marchandises. Ensuite, changer le traité européen pour stopper le dumping social. Enfin, mettre en oeuvre la planification écologique.
M. Chevènement s’est retiré de la course pour 2012. L’avez-vous appelé pour qu’il vous soutienne ?
Je ne pense pas que ce soit la bonne idée… Je n’ai rien d’autre à offrir que mon grand air, et l’appel au combat. Les socialistes vont aller lui cirer les pompes, et lui dire : « Tu ne veux pas une petite circonscription ? » Mais, s’il appelle à voter Hollande, ceux qui continuent à penser chevénementiste voteront pour moi, et ce ne seront pas les seuls.
Propos recueillis par Frédéric Haziza, Françoise Fressoz, Marie-Eve Malouines et Sylvie Maligorne