Article paru dans la Provence le 07 Mars 2013
Le Point de bascule, café culturel alternatif de Vauban (6e) en guise de nouveau QG symbolique, le Front de gauche entre à son tour dans la bagarre des municipales 2014. À sa manière, en commençant par le contenu là où les adversaires de l’UMP et les moitié copains du PS réfléchissent d’abord à la stratégie et aux têtes d’affiches. Avec un côté démocratie participative aux allures sud-américaines qui rappelle feu Hugo Chavez et fera sourire ceux qui n’y croient plus.
Mais qui, à l’heure où le débat sur la métropole et les tribulations des socialistes devant les tribunaux écartent un peu plus le citoyen du politique, a le mérite de serrer les rangs.
« On veut que les gens cassent les idées reçues, fassent des proposions. »
« On porte une révolution citoyenne », s’enthousiasme Marie Batoux, étendard marseillais du Parti de gauche. « Alors qu’une grande partie de la population est abandonnée, exclue d’un espace public vendu au privé, ajoute le conseiller régional communiste Jean-Marc Coppola, on veut rassembler le peuple de gauche et au-delà. Face à une politique faite d’opacité et d’intérêts particuliers, on a besoin de pratiques nouvelles. »
Sur le fond, le mouvement de Jean-Luc Mélenchon s’est organisé. À même son concept marseillais : les « assises citoyennes », dont la première aura lieu le 25 mars autour des services publics, déclineront chaque fin de mois des thématiques de la vie quotidienne. « On veut donner la parole aux gens, reprend Jean-Marc Coppola. On sait ce qui se passe, ce qui ne va pas. On a des valeurs. Mais on veut que les gens cassent les idées reçues, fassent des propositions sur la proximité. On auditionnera aussi des experts. »
Un point d’étape est prévu fin juin pour élaborer un programme qui prendra consistance en septembre. « On relèvera des cahiers de doléances, souligne le conseiller municipal PCF Frédéric Dutoit. On est 22 élus sur le territoire. On fera partager notre expérience de terrain. »
Ouvrir la boîte à idées politiques aux citoyens n’est certes pas nouveau. À Marseille, le collectif des Gabians, où sont associés écologistes et gauche de la gauche, y travaille en ce moment. Au PS et à l’UMP, les candidats ont tous lancé leur club où la société civile est expressément invitée à donner le pouls de la ville. Le Front de gauche joue toutefois la grande échelle. Une manière de se démarquer pour une formation de plus en plus engagée sur la stratégie de la rupture.
« Ne rien dire sur les pratiques du PS, c’est laisser prospérer le FN. Qu’on doit battre… »
Au plan national, les frictions avec le gouvernement confinent à la boîte à gifles. Localement, le FG ira-t-il jusqu’à rejeter une alliance avec un PS qui agitera immédiatement le chiffon rouge du FN ? « Viendra le moment où on parlera stratégie à l’égard du PS« , coupe Jean-Marc Coppola, tout en assurant que « pour les primaires, c’est non. Et sur le contenu, les lignes de rupture sont nombreuses. Mais on peut parler« .
Moins d’un an après des législatives où elle s’est trouvée entre la socialiste Sylvie Andrieux, alors lâchée par le PS, et le FN de Stéphane Ravier, Marie Batoux convient d’une « situation extrêmement complexe pour nous. Si on ne dit rien sur certaines pratiques, on laisse prospérer le FN. Le PS doit changer ses pratiques et le partage de la ville avec l’UMP doit cesser. Il y a des choses non négociables. Mais on doit quand même battre la droite et le FN ».
Donc éviter de diviser la gauche au dernier moment.
François Tonneau.
la Provence