Lors de l’interview, l’élue a été sommée par un journaliste de clamer « Vive la France ». Pourquoi donc le fait d’être née au Gabon et d’avoir pu soutenir il y a 5 ans, au nom de la liberté d’expression, un rappeur pour ses propos insolents envers la France exigerait d’elle des preuves supplémentaires de sa loyauté envers la France ?
C’est une démonstration manifeste de racisme à l’égard d’une femme noire que certains ne considèrent pas comme une française à part entière.
Car au fond que signifie cette affaire montée en épingle depuis quelques jours ?
Dans la France des droits de l’homme, des chanteurs connus pour leurs convictions anarchistes peuvent « baiser la marseillaise » ou « tringler la république », quand Saïdou, un rappeur aux origines incontrôlées sera mis à l’index parce qu’il « nique la France et son passé colonialiste ».
Si la blancheur n’est pas une composante juridique de la qualité de français, force est de constater qu’un homme politique blanc est autorisé à défendre le rappeur aux propos insolents quand ce droit est dénié à une femme noire députée de la République à qui on demande, de manière très coloniale, de faire amende honorable de son soutien passé au rappeur en clamant « Vive La France ».
Une façon de rappeler que lorsque vous êtes descendants d’anciennes colonies, votre légitimité n’est jamais acquise. Cet épisode nous montre encore une fois que le racisme est un rapport social de domination structurant dans notre société, qu’il faut rendre visible pour pouvoir l’éradiquer.
Alors que la polémique se poursuit, nous assurons Danièle Obono de notre soutien et notre amitié.