Nous sommes ici avec les candidates et les candidats que nous présenterons aux élections législatives de juin 2017. Nous vous les présentons aujourd’hui, parce que leur campagne va se déployer maintenant, sans attendre, au cœur de la campagne présidentielle et non pas après celle-ci.
Pourquoi ? Parce que nous, candidats communistes, du Front de gauche, femmes et hommes engagés dans les combats progressistes, partenaires politiques de diverses sensibilités de gauche, avons une conviction :
une République nouvelle doit naître. Une République où les citoyens se sentent à nouveau pleinement respectés, une VIe république qui renouvelle profondément les institutions et donne un nouveau souffle à la vie politique. Et cet enjeu majeur, c’est un enjeu commun aux deux grandes échéances présidentielle et législatives. Car changer le locataire de l’Élysée ne sera rien si la confiscation actuelle du pouvoir se poursuit.
Autrement dit : pas de nouvel avenir possible pour notre pays, et c’est bien cela que cherche notre peuple, sans ouvrir la voie à un nouveau régime démocratique.
Il y a urgence car la République est chaque jour trahie dans ses fondements et je connais le poids de mes mots.
La Ve République agonise dans la crise de régime. Née en 1958, il y aura bientôt soixante ans, dans tout un autre monde, quand, au plus fort d’une France enlisée dans la guerre d’Algérie, les forces réactionnaires l’imposèrent, elle n’a cessé de dériver vers ce qui n’est aujourd’hui qu’une monarchie présidentielle totalement inadaptée aux exigences démocratiques du XXIe siècle.
Avec le quinquennat et l’inversion du calendrier électoral, le présidentialisme a fini de triompher au détriment de la diffusion des pouvoirs dans toute la société. Résultat, en 1978, l’abstention aux élections législatives était à hauteur de 15 %. Elle était à 45 % lors des dernières élections en 2012 !
Aujourd’hui, le temps est venu d’une nouvelle République du XXIe siècle qui reconstruise le pouvoir des citoyens.
85 % de nos compatriotes estiment que les responsables politiques ne tiennent pas compte de leurs avis ? Comment les blâmer quand ils sont une majorité à refuser le traité constitutionnel européen en 2005, en constatent aujourd’hui les dégâts, et que ce vote a été traîné dans la boue par les dirigeants des deux quinquennats écoulés ? Comment les blâmer quand ils sont une écrasante majorité en 2016, au premier rang les jeunes, à refuser la loi El Khomri, à l’affirmer dans la rue, et que leur magnifique mobilisation est bafouée par le 49-3 ?
***
Nous n’entendons plus, du côté de ceux qui sont au pouvoir, la dénonciation du « coup d’État permanent », qui constitua longtemps le point de rassemblement du camp républicain à gauche.
Mais la gauche républicaine est bien vivante. C’est elle qui a mis en échec l’an dernier le projet insensé de la déchéance de la nationalité pour les bi-nationaux.
Nous sommes les continuateurs des Républicains de l’An I qui en 1792, mirent fin à la monarchie et aux privilèges !
Nous sommes les héritiers des communards de 1871 qui, sous les ruines du Second Empire autoritaire, voulurent une démocratie pleine et entière !
Nous sommes les enfants des artisans de la loi de 1905 qui fonda la République laïque moderne.
Nous sommes les héritiers des résistants de la Seconde guerre mondiale qui bâtirent les fondements d’une démocratie sociale en devenir.
Et aujourd’hui, nous le disons, de nouvelles fondations sont nécessaires. Voilà pourquoi nous proposons un nouveau pacte Républicain pour une France en commun.
Voilà pourquoi la première décision que prendra la nouvelle majorité de gauche pour laquelle nous sollicitons le suffrage des électeurs sera d’impulser dans tout le pays un grand débat citoyen, un processus constituant, pour aboutir à la rédaction d’un nouveau projet de Constitution soumis à référendum. Le quinquennat à venir doit être le celui qui fondera la nouvelle République que nous appelons de nos vœux.
***
Les grands principes qui guideront cette réinvention démocratique, nous les porterons dans la campagne présidentielle avec notre candidat Jean-Luc Mélenchon, et avec tous nos candidats aux élections législatives.
Nous voulons sortir du présidentialisme.
Le « domaine réservé » du Président doit être supprimé et toutes les décisions, comme l’action du gouvernement, placées sous le contrôle du Parlement.
L’élection du Parlement doit retrouver la primauté et être dissociée de la présidentielle. La démocratie mérite mieux que de jouer tous les 5 ans au « Secret story présidentiel ».
Le 49.3 et toutes les dispositions qui réduisent le rôle du Parlement, laissons-les au musée de l’Ancien régime ! Oui, nous supprimerons le 49-3, les votes bloqués, l’usage à répétition des ordonnances.
Nous voulons faire à nouveau entrer le peuple, tout le peuple au Parlement.
Nous voulons un Parlement à l’image de notre société, où la voix de chacune, de chacun compte pour un. Nous mettrons en place la proportionnelle intégrale à toutes les élections, avec obligation de parité.
Nous accorderons le droit de vote et d’éligibilité sous condition de résidence à tout citoyen qui choisit de vivre sur le sol français, et cela quelle que soit sa nationalité.
Nous limiterons le cumul et le renouvellement des mandats en accordant un statut de l’élu qui permette à un salarié, de toutes conditions, un ouvrier ou une employée comme tous les autres, d’exercer un mandat et de garantir son retour à l’emploi dans une continuité de revenus et de droits.
Nous voulons un Parlement où la voix du peuple fasse la loi.
Nous voulons plus de gouvernement des « experts ». Nous voulons une République qui développe les capacités et l’expertise populaire.
Ce jeune qui se demande de quoi sera fait demain, qui navigue de boîte d’intérim en boîte d’intérim, avec une mission de manutention par-là, un inventaire en grande surface par-là. Nous voulons qu’il devienne député.
Cette jeune infirmière qui ne compte plus ses heures et ses nuits de travail. Celle-là même qui sauve des vies et qui fait de notre système de santé un des plus performants au monde. Nous voulons qu’elle devienne députée.
Cette ouvrière du textile, ce chauffeur Uber, cette cadre dans l’informatique, ce jeune start-uper : tous ceux qui n’en peuvent plus d’une politique qui les ignorent, nous voulons construire avec eux une nouvelle majorité, un nouveau Parlement qui rendra ses droits à notre peuple souverain.
Nous voulons un Parlement éthique, respectueux de l’intérêt général, indépendant des intérêts privés.
Le contrôle des conflits d’intérêts doit être renforcé.
Et concernant l’affaire Pénélope Fillon qui défraie la chronique, nous proposons de clarifier sans délai les règles en usage en donnant force à ce qui devrait relever du bon sens : interdire l’embauche d’un membre de sa famille comme assistant parlementaire.
Je dis cela en responsabilité, sans verser dans le refrain nauséabond du « tous pourris ». Le Parlement n’est pas peuplé d’emplois fictifs, arrêtons cette fable, mais de centaines d’assistants parlementaires qualifiés qui y travaillent avec compétence en étant souvent trop peu payés.
Et à qui veut braquer ses projecteurs sur les privilèges, et l’emprise de l’argent sur le pouvoir, je cite au hasard quelques directions de travail : l’évasion fiscale, les salaires des grands patrons, les parachutes dorés, les retraites chapeaux… tous privilèges indécents qu’il serait plus que temps, eux, de mettre hors la loi au plus vite.
Nous voulons une République qui redevienne une grande République Sociale, une République de la démocratie économique, une République qui refonde les pouvoirs citoyens dans la cité et dans l’entreprise.
En abrogeant la loi El Khomri du gouvernement Valls-Hollande, la nouvelle majorité que nous voulons construira une grande loi de démocratisation sociale, qui mettra en son cœur de nouveaux droits sociaux et de droits d’intervention dans la gestion des entreprises ! Voilà ce qui manque tant dans notre République !
Les pouvoirs doivent changer de mains, et ceux donnés aux citoyens, aux salariés doivent prendre le pas sur ceux de la finance qui gangrènent notre démocratie. La voilà, la révolution politique !
C’est en donnant de nouveaux droits à la société dans son ensemble, aux salariés, aux syndicats, aux lanceurs d’alerte que nous récupérerons les 80 milliards de l’évasion fiscale, que nous contrôlerons l’utilisation du CICE, des dividendes et de l’argent des banques.
C’est en donnant de nouveaux droits aux citoyens que nous développerons l’initiative législative venue de la société, et non des grands intérêts financiers.
C’est en protégeant les Communs numériques par la loi, en établissant un droit inaliénable des citoyens sur les données, que nous protégerons nos libertés, et empêcheront la privatisation de nos vies.
Oui, la modernité au XXIe siècle, ce n’est sûrement pas de donner les pleins pouvoirs présidentiels au banquier Macron, comme si les banques et la finance n’avaient pas assez de pouvoirs.
La modernité, c’est celle qui osera une République des pleins pouvoirs citoyens.
Non décidément, nous n’avons pas besoin de députés fillonistes pour sacrifier la Sécurité sociale, de députés macronistes pour voter une nouvelle loi d’ubérisation du travail, de députés lepénistes pour fouler aux pieds les valeurs de la République.
Nous avons besoin de députés qui auront à cœur l’égalité.
L’égalité, c’est le socle sur lequel fut bâtie la première République en 1792. C’est pour que l’égalité soit une réalité pour tous que nous portons le projet d’une nouvelle République. L’égalité c’est notre boussole, encore et toujours !
L’égalité dans les droits politiques, l’égalité dans les droits économiques, l’égalité dans les droits sociaux, l’égalité entre toutes et tous !
Notre pacte Républicain c’est l’émancipation conquise pour toutes et tous qui constituent la Nation. Une République, qui, comme l’affirmait Robespierre, puisse « rendre les hommes heureux et libres par la loi ».
Quand de l’autre côté de l’Atlantique, le président Trump assoit dans le fauteuil du bureau ovale les intérêts du grand capital étasunien, attaque l’avortement et les droits des femmes, libère la parole raciste dans un pays où chaque semaine déjà des policiers tuent des hommes parce qu’ils sont noirs, construit des murs et étale le cynisme des intérêts égoïstes du plus puissant, je crois que le monde a besoin d’une France qui reprenne la marche en avant de tous les droits humains.
Nous voulons une République qui inscrive dans sa Constitution la lutte contre toutes les discriminations, le droit à l’avortement, les droits LGBT, qui proclame dans son article premier non pas qu’elle « favorise » l’égal accès des femmes et des hommes à toutes les responsabilités mais qu’elle le « garantit ».
Nous voulons une République qui reprenne le chemin de la décentralisation des pouvoirs, de la décentralisation territoriale, qui replace la commune au centre de la vie démocratique, qui rétablisse la clause de compétence générale à tous les niveaux de collectivités locales.
Nous voulons une République qui dit que, où que l’on soit né, à Grigny ou à Neuilly, en France ou ailleurs, on a les mêmes droits. Et qu’importe nos origines, notre religion, notre couleur de peau, nous sommes toutes et tous indispensables à notre émancipation commune. C’est ça la VIe République que nous voulons construire !
Une République française qui fasse respecter la voix de son peuple souverain en Europe quand les traités vont à l’encontre de ses intérêts, et qui repasse à l’offensive en Europe pour construire, non des murs ou des Brexit ouvrant la voie à de nouveaux paradis du dumping fiscal et social, mais des sommets sociaux pour faire converger les droits humains et les protections sociales, des COP fiscales pour éradiquer l’évasion fiscale des plus riches, des conférences pour la paix et le droit des migrants.
Une République française qui porte à nouveau dans le monde, dans l’enceinte de l’ONU que Trump veut réduire au silence, la voix de la paix, du désarmement, de la démocratisation des institutions internationales, du développement social et écologique partagé contre les logiques de concurrence capitalistes.
***
Ce sont les axes offensifs de notre pacte Républicain.
Ces avancées démocratiques, nous en sommes certains, sont attendues par notre peuple qui ne supporte plus la caricature de démocratie à laquelle nos institutions et l’emprise des grands intérêts capitalistes nous condamne.
Nous porterons cette exigence populaire au cœur des campagnes qui s’annoncent.
Nous sommes des femmes et des hommes du peuple, désintéressés, seulement soucieux de l’intérêt général, et nous le prouvons chaque jour par nos actes, conformes à nos paroles, par notre intégrité.
Je peux le garantir en votre nom à tous : aucun de nos députés ne sera un député godillot, un député soumis à la finance, aux lobbys, aux pressions des intérêts privés, aux injonctions présidentielles. Nous rendrons des comptes au peuple, devant le peuple, et à personne d’autre.
Nos groupes parlementaires sont les seuls à compter dans leurs rangs des mécaniciens, des ouvriers, des employés, des instituteurs, une acheteuse en informatique, une agent d’assurance, un éducateur spécialisé, une cardiologue, une agent de maîtrise chez EDF, bref, ils et elles sont des élus du peuple !
Nos parlementaires ont tenu les engagements pris devant les électeurs en 2012 quand tant d’autres ont failli.
Leur place au Parlement est indispensable. Leur travail est salutaire. Et pour la prochaine mandature, plus les parlementaires communistes et Front de gauche seront nombreux, plus la parole populaire sera forte ! Sans eux, vous serez sans voix dans l’hémicycle où s’écrivent et se votent les lois !
***
Pour terminer mes propos je citerai le groupe « I am ».
Le premier extrait de leur album Rêvolution est sorti il y a une semaine sur Youtube. Et j’en ai retenu deux vers :
« Si on voulait on pourrait faire pencher le vote. De cette jungle on irait jusqu’à fissurer le socle ».
Oui, fissurons le socle de la Ve République. Dans ces fissures, faisons naître un nouveau pacte Républicain, une nouvelle République Sociale.
Vive la VIe République,
Vive la Sociale,
Vive la France.