David marque un point sur Goliath. Le tribunal administratif de Marseille a rendu lundi 22 juillet son délibéré sur « l’affaire » Legré Mante et a donné raison au comité d’intérêt de quartier de la Madrague de Montredon (8e). Accordé le 4 novembre 2011 par la Ville de Marseille à la société Océanis Promotion, le permis de construire 286 logements et 34 villas sur le site de l’ancienne usine d’acide tartrique a donc été annulé.
Les deux permis revendicatifs brandis par le promoteur n’auront pas suffit à convaincre le tribunal qui a suivi les recommandations du rapporteur public. La magistrate avait estimé le 27 juin dernier que le réseau d’assainissement était insuffisant pour accueillir de nouvelles constructions. « Il ressort des pièces du dossier qu’à la date de délivrance du permis de construire, le réseau (…) atteignait un degré de saturation tel qu’il était manifestement inenvisageable que celui-ci puisse, sans extension de capacité, assurer dans des conditions acceptables l’évacuation des eaux usées de l’opération conduite par la société Océanis, qui se traduit par un quasi doublement de la population », note le tribunal.
Un projet qui modifie « de manière importante » le quartier
Ce dernier estime aussi que la loi Littoral n’est pas respectée, considérant que les 6 bâtiments et villas prévus ne sont en rien une « extension limitée de l’urbanisation » au sens du code de l’urbanisme et conduisent « à étendre et à renforcer de manière significative l’urbanisation ». A l’annonce de la nouvelle, les membres du CIQ ne cachent pas leur satisfaction. « Cela décrit la réalité d’une situation invivable sur le terrain », commente Monique Touitou. De son côté, Marie-Françoise Palloix, élue communiste du secteur espère que la Ville en tirera « les enseignements pour les permis à venir » et imagine déjà « un nouveau projet en véritable concertation avec les habitants, correspondant à la proximité du parc national des calanques ».
« Si nous avons gagné une bataille nous n’avons pas gagné la guerre », nuance une autre habitante. Car voilà quinze jours, un panneau couché dans les herbes, a été repéré de l’autre côté de la route, sur une parcelle qui fait également partie de l’usine. En le retournant, on a découvert un nouveau permis de construire en date du 12 juin dernier pour 6 villas. Le tout sur des remblais pollués déjà grignotés par la mer. A noter que la Ville et le promoteur disposent de deux mois pour faire appel du jugement.
Mireille Roubaud
Source: La Marseillaise