Pour info un article de marsactu :
« Par Julien VINZENT le 22 avril 2011
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Surtout, éviter la guerre des tranchées. D’ici le 31 décembre, réforme des collectivités territoriales oblige, la carte de l’intercommunalité – c’est-à-dire les regroupements de communes dans des communautés urbaines (comme Marseille) ou d’agglomération (comme notamment Aix et Aubagne) – va opérer une mutation dans les Bouches-du-Rhône. Avec une question centrale, qui est sur toutes les lèvres depuis le vote de la loi : l’intégration des communes environnantes de Marseille dans une métropole, repoussoir pour nombre de maires et présidents d’agglo du département.
En poste depuis quelques mois seulement, mais ayant écumé les préfectures de la région, Hugues Parant le sait bien, rappelant « l’affirmation des identités et des particularismes » qui a fleuri, avec notamment le référendum d’Aubagne. Dans ses prescriptions présentées à la nouvelle commission départementale de coopération intercommunale (CDCI) – qui regroupe maires, agglos, conseils général et régional pour animer la concertation autour du dossier – il a donc avant tout tenu à « ne pas bloquer la discussion. Métropôle ou pôle métropolitain, c’est un faux débat. La question est de savoir comment prendre en compte l’exigence de services des citoyens ». Des attentes exprimées ces derniers mois par le club Top 20 et les conseils de développement, avec comme urgence absolue les transports.
Exit donc la métropole : « Le problème est celui du calendrier choisi par le législateur. On ne peut y parvenir si on a des années de discussion entre élus pour que cette gouvernance unique ne soit pas subie », a-t-il justifié. Et bonjour le pôle métropolitain, avec Marseille, Aix, Aubagne, Martigues, l’Etang de Berre, Salon et leurs satellites, l’Ouest du département, le long de la Vallée du Rhône étant traité à part : « cela permet, avec les intercommunalités existantes qui peuvent chacune choisir leur statut, de tenir compte du fait métropolitain en cheminant doucement, sinon vers l’intégration, du moins vers une très forte coopération sur les transports, l’offre culturelle, d’enseignement, l’implantation commerciale. »
Redistribution vers Marseille
De quoi réjouir notamment la maire d’Aix Maryse Joissains (UMP), qui a remercié le préfet d’avoir « entendu les manifestations des élus ». Renaud Muselier, représentant la mairie de Marseille et chantre du « Grand Marseille », s’est lui aussi rangé devant ce pragmatisme : « c’est une proposition apaisée et intelligente, qui évite les conflits. Aujourd’hui un grand pas en avant est fait qui créée les conditions du travail en commun sur la base d’une culture de projets en respectant les territoires ».
Un discours que son maire Jean-Claude Gaudin, grand absent du tour de table, aurait certainement eu du mal à endosser, lui qui ne rêve que « faire les poches » de ses voisins, comme le notent les mauvaises langues… Du côté du président de la communauté urbaine de Marseille Eugène Caselli (PS), on se montre prudent : « Si le pôle métropolitain est une coquille vide ou même à demi-vide et que le but de sa création est purement défensif, alors nous échouerons« .
En particulier, s’il y aura besoin de se mettre d’accord sur « l’organisation, les projets stratégiques partagés, les règles de gouvernance », il faudra avant tout régler la question des financements, »qui ne peuvent prendre pour seul critère de clé de répartition la population », estime Eugène Caselli, appelant à « ne pas ignorer les zones de pauvreté dans certains arrondissements à Marseille ». Jean-Claude Gaudin serait déjà plus partant.
Jean-Noël Guérini, président du conseil général et possible futur candidat socialiste à la mairie de Marseille aussi, qui a insisté sur « la solidarité financière en faveur de la communauté urbaine de Marseille ». Sur ce point, « qui sera au coeur des débats », Hugues Parant a bon espoir, notant que « beaucoup, y compris Maryse Joissains, se sont dits prêts à l’aborder sans tabou ». Les six présidents d’agglo auront l’occasion d’en reparler d’ici deux ou trois semaines au cours d’une réunion sous l’égide du préfet.
Fusion à l’Etang de Berre
A côté de ce chantier, la question du grand mercato des intercommunalités passerait presque pour réglée. Il faut dire que le préfet a fait le choix du quasi « statu quo, qui repose sur le choix du pôle métropolitain », et donc sur le succès des discussions qui vont avoir lieu d’ici fin décembre. Dans ses plans, de 9 intercommunalités, les Bouches-du-Rhône passeraient à 7. Pour cela, la communauté d’agglomération de Martigues fusionnerait avec le Syndicat d’agglomération nouvelle (San) Ouest Provence. Une idée déjà dans la tête des deux interco, même si le maire de Martigues Gaby Charroux et le président du San Bernard Granié ont tous deux refusé de « préjuger » de la position des autres maires.
Ca commence à se corser du côté des communes isolées ou qui présentent une « discontinuité territoriale ». Dans ce dernier cas, un seul spécimen : Cuges-les-Pins, qui appartient à l’agglo d’Aubagne alors qu’elle est bordée à l’Ouest et au Sud par Gémenos et Roquefort-la-Bédoule, toutes deux rattachées à Marseille Provence Métropole. Si Eugène Caselli « l’accueillerait avec plaisir », du côté d’Aubagne on ne saute pas au plafond et on rappelle habilement que la principale intéressée n’a pas encore fait connaître sa position, qu’elle a jusqu’au mois de juillet pour transmettre à la CDCI.
Au mercato des communes isolées, Greasque et Gardanne rejoindraient Aix. Si la première est OK, dixit Maryse Joissains, le maire communiste de Gardanne Roger Meï ne l’entend pas de cette oreille, estimant que l’on peut très bien coopérer tout en gardant son indépendance. Pour les Saintes-Marie-de-la-Mer, le choix semble évident : Arles. Quant à Mollégès, Orgon et Plan d’Orgon, elles viendraient renforcer la communauté de communes Rhône-Alpilles-Durance, qui prendrait un nouveau nom.
Grande agglo de l’Ouest ou balance Arles/Avignon
C’est cet autre changement majeur qui passe le moins. Le préfet a expliqué son souhait d’avoir un point qui fasse « l’équilibre entre les deux agglomérations d’Arles et d’Avignon, qui deviennent de plus en plus importante ». Et Saint-Remy-de-Provence servirait à donner une masse critique à cette nouvelle agglo du nord. Saint-Rémy qui appartient à la communauté de communes de la Vallée des Baux et des Alpilles, vouée à la disparition sur la carte préfectorale, ses autres membres, mis à part Eygalières, rejoignant toutes la communauté d’agglomération d’Arles.
Maire de Saint-Rémy, Hervé Chérubini (PS) ne veut pas en entendre parler, penchant plutôt vers le Sud. « Créer un pôle autour de Châteaurenard cela n’a pas de sens au niveau de la géographie et même du point de vue économique. Je regrette cette approche partielle qui divise les communes plus qu’elle ne les rapproche », appuie le maire d’Arles Hervé Schiavetti (PC), qui plaide pour « une grande communauté d’agglomération de l’ouest des Bouches-du-Rhône ».
Raisons électoralistes
Le préfet a bien tenté d’argumenter sur l’existence au nord « d’une agriculture beaucoup plus intensive, organisée autour de cités de marchés, avec une culture commune plutôt provençale et tournée vers la Durance quand celle d’Arles est rhodanienne ». Certes, a convenu Michel Vauzelle, président du conseil régional et député d’Arles, mais ces « différences sont exagérées ».
« Cette méthode, que l’on pourrait croire technocratique, est en fait politicienne », a-t-il ajouté. Une allusion à l’implantation locale du député UMP Bernard Reynès, maire de Chateaurenard, qu’a reprise Hervé Schiavetti, pour qui « cet espace réservé » au nord du département cache « des raisons électoralistes ». 3 mois de réflexion pour les communes et 4 mois de travaux de la CDCI ne seront pas de trop… »