Un article de marsactu sur la réunion qui va se tenir le 5 Mars à Aubagne :
Une autre manière de parler métropolisation !
« Par Julien VINZENT le 25 janvier 2011
Marseille, Aix et Aubagne qui parlent d’une seule voix sur la question de leur espace métropolitain commun : c’est le symbole que tenaient à afficher les présidents des conseils de développement des trois agglomérations, ce mardi lors d’une conférence de presse. « Nous entendons passer un message fort pour enfin enclencher une dynamique. Nous avons très récemment rencontré les milieux économiques : ils sont dans le même esprit », assure Jacques Boulesteix, côté Marseille Provence Métropole. « Nous avons vu les trois présidents des intercommunalités, à notre grande surprise nous avons eu un retour plutôt positif », complète Dominique Becker pour le Pays d’Aix. « On a l’impression que les ingrédients sont réunis », confirme l’Aubagnais François Fiore.
Dépasser les chamailleries
Un trio de doux rêveurs ? Car entre le référendum aubagnais contre le Grand Marseille, les déclarations régulières de Jean-Claude Gaudin sur l’aspirateur Plan-de-Campagne à euros marseillais et les atermoiements de Maryse Joissains sur Marseille Provence 2013 et l’université unique, l’entente cordiale semble encore loin. « Notre approche, c’est d’apporter autre chose. Le bon système politique, ce ne sont pas des gens qui se chamaillent. Si on attend qu’ils fassent émerger des projets, des analyses, il se passera ce qui s’est passé depuis 40 ans », argumente Jacques Boulesteix. Mais au nom de qui ? Créées avec la loi Voynet de 1999, ces assemblées sont composées d’élus et de représentants de la société civile (entreprises, syndicats, associations…) et ont pour objectif de conseiller et évaluer les politiques publiques. Elles peuvent être saisies par les présidents d’intercommunalités ou plancher de leur propre chef sur certains dossiers.
Bref, une belle instance consultative dont on ignore soigneusement les avis voire l’existence. Sauf que ces trois-là ne l’entendent pas de cette oreille. « Sur les transports, nos membres sont avant tout des usagers, qui savent très bien à quel point c’est un sujet important et sont à même de porter des attentes, voire un agacement, mais aussi de prendre du recul et de faire des propositions », explique Dominique Becker.
Grain de sel
D’où une coopération depuis mi-2010, avec aujourd’hui des réunions tous les 15 jours sur trois thèmes : déplacements, innovation économique et cultures. « On a beaucoup travaillé les premières années sur des problématiques à l’intérieur de nos territoires, mais on s’est aperçu assez rapidement que cela n’a de sens que si c’est discuté avec nos voisins. C’est donc un véritable changement d’échelle », justifie-t-il. « C’est une approche unique en France », ajoute Jacques Boulesteix.
S’ils expliquent ne pas avoir vocation à remplacer les politiques et prennent bien soin de ne pas les brusquer en évoquant l’aspect purement institutionnel de la métropole, ils ne se privent pas de commenter les différentes positions. Surtout Jacques Boulesteix, qui est élu avec la gauche au conseil municipal de Marseille. Le Grand Marseille de Renaud Muselier ? « Cette initiative ne nous gène pas, mais elle nous est un peu étrangère. Tout développement métropolitain ne peut marcher que si il y a une volonté politique mais aussi une approche bottom-up (construite par le bas, ndlr). On voit bien que lui c’est top-down (dictée d’en haut, ndlr) », lance-t-il. Jean-Claude Gaudin en prend aussi pour son grade : « nous sommes en rupture par rapport au discours « je vais aller faire les poches des voisins car il faut répartir les charges de centralité ». Les rééquilibrages se feront sur la croissance, sur de nouveaux projets. »
Quant au manque de moyens, Jacques Boulesteix mise sur « un meilleur fonctionnement de la métropole – quand on voit qu’elle émet 18 millions de tonnes de CO2 contre 7,4 millions pour le Grand Lyon c’est un bon indicateur du fait qu’elle coûte cher pour un service relativement limité ». Et souligne que « des investissements productifs permettront de dégager des ressources supplémentaires. Il ne faut pas se borner aux ressources d’aujourd’hui, c’est la poule qui fera l’oeuf. Et ça, c’est typiquement la logique des conseils de développement. »
Forum à Aubagne et site internet plus costaud
En ligne de mire des conseils : un Forum le 5 mars à Aubagne, où seront présentés leurs travaux, avec la participation des trois présidents d’agglo et d’autres conseils de développement des Bouches-du-Rhône. « Ce n’est qu’une première étape. Nous souhaitons créer une coordination régionale des conseils de développement », ajoute François Fiore.
Suffisant pour sortir de l’anonymat ? « Le relais avec les citoyens est indispensable, mais il fallait d »abord pour être crédible avoir du contenu. Il nous faut offrir un espace de dialogue mais aussi avoir quelque chose à apporter pour le faire vivre », justifie Jacques Boulesteix, qui reconnaît que le retard de la construction d’une coopération métropolitaine vient en grande partie d’un « débat public sous développé ».
Le conseil du pays d’Aix a désormais un site et celui de MPM va « être plus costaud d’ici l’été. Il servira de banque de données et de documents ainsi que de réceptacle pour toutes les réflexions et initiatives sur l’espace métropolitain », indique-t-il. »