Le deuxième tour de ces municipales, outre les circonstances particulières qui ont présidé à son déroulement et à celui de la campagne d’entre deux tours, a été presque une nouvelle élection à part entière dans un contexte politique et social différent de celui de mars.
Nous sommes passés d’un 1er tour ayant lieu en pleines luttes sociales sur les retraites, à un 2e tour se déroulant dans une période anxiogène d’explosion du chômage et de demande de protection, qu’elle soit sanitaire, environnementale ou sociale.
Contrairement aux autres municipales, les listes arrivées en tête au premier tour n’ont pas toujours pu bénéficier de la force d’entraînement nécessaire à des rassemblements de second tour. C’est pourquoi, par rapport à 2014, les triangulaires, les quadrangulaires, voire les pentagulaires se sont multipliées. Avec certes des inégalités.
L’abstention, comme au premier tour, a explosé, atteignant des nouveaux records tous types d’élections confondus. Certes, il existe des raisons conjoncturelles dues au Covid-19 pour expliquer ce niveau inédit d’abstention, mais ce conjoncturel s’inscrit dans un mouvement de hausse tendancielle et structurelle de l’abstention. La partie la plus populaire de l’électorat, et pas seulement elle, se reconnait de moins en moins dans le système institutionnel, ce qui pose un problème majeur, en particulier aux ambitions de notre parti pour notre pays.
Dans le cadre de cette forte abstention, les Verts, avec des listes de rassemblement large de gauche où généralement notre parti est bien présent, réussissent une percée dans les métropoles et les grandes villes. Ce qui doit inciter le PCF à approfondir notre travail déjà engagé de critique de l’écologie politique.
Pour LREM ces élections sont un échec et un désaveu ; ils ne doivent leurs rares victoires qu’en cas de maires sortants bien implantés et ayant scrupuleusement camouflé leur nouvelle étiquette politique.
Le PS, après l’effondrement de 2014, maintient globalement son influence souvent sous l’étiquette divers gauche, avec quelques conquêtes, en particulier sur les autres forces de gauche, et quelques pertes historiques comme Bondy, Poitiers ou Lorient.
La droite conserve globalement ses gains de 2014 mais connait des défaites sévères dans nombre de grandes villes comme Marseille et Bordeaux.
Le RN et l’extrême droite voient leur nombre de conseillers municipaux se restreindre ; mais à l’exception de Mantes-la-Ville qu’il perd, le RN se renforce dans les villes qu’il avait gagnées en 2014 et il gagne une ville de 100 000 habitants avec Perpignan.
Pour sa part, le PCF, après de bons résultats au premier tour, connait un second tour plus clair-obscur avec la perte cruelle de certaines municipalités communistes importantes et pour certaines historiques. Certaines de ces pertes sont souvent liées à des situations de division à gauche et dans les majorités sortantes. À l’inverse, avec la conquête ou la reconquête de Corbeil, Bobigny, Noisy-le-Sec, Villejuif, il montre sa capacité à prendre des grosses villes tenues par une droite clientéliste. De plus, il gagne de nombreuses villes moyennes dans nombre de départements de province, élargissant ainsi sa base géographique. Et dans le sillage de rassemblements de gauche et écologique, il entre dans la majorité de nombre de conseils municipaux ou de métropoles de grandes villes.
Ces gains comme ces pertes appellent un travail important d’analyse qui prenne en compte les situations particulières comme les questions générales auxquelles nous sommes confrontés. Nous reviendrons dans nos prochaines éditions sur ce travail nécessaire.
Yann Le Pollotec, adjoint au secteur Élections.