Par Bernard LAMIZET – 5 février 2021
Si les politiques dites publiques le sont, c’est précisément parce que leur conception,
leur mise en œuvre et leur évaluation font l’objet d’un débat public. Ce que J. Habermas a
appelé l’espace public, et dont nous avons parlé récemment ici, est justement le champ dans
lequel ce débat a lieu.
Mais sans doute, pour aller plus loin, importe-t-il de préciser la signification multiple
de ce débat.
D’abord, c’est quand ils sont invités à prendre part au débat sur les politiques
publiques que les citoyens élaborent pleinement leur conscience des implications des
politiques concernées. Il s’agit, en quelque sorte, d’une appropriation intellectuelle des
politiques publiques par ceux qu’elles concernent. En prenant part au débat, les habitantes et
les habitants construisent pleinement leur citoyenneté.
C’est pourquoi, par ailleurs, le débat sur les politiques publiques a une autre
signification, celle d’une mise en œuvre des réflexions et des analyses des citoyennes et des
citoyens. Le débat sur les politiques publiques a, en ce sens, une dimension de médiation entre
les pouvoirs et les électrices et les électeurs.
Enfin, le débat sur les politiques publiques a une dimension essentielle qui est de
susciter la mémoire. En prenant part au débat sur les politiques publiques engagées, les
citoyennes et les citoyens se rappellent d’autres politiques engagées par d’autres pouvoirs en
d’autres temps, et ce travail de mémoire est essentiel pour la construction d’une identité
culturelle et sociale.