DÉCLARATION DE MARC POGGIALE
CONSEILLER MÉTROPOLITAIN DE MARSEILLE : http://pourunterritoiresolidaire.fr/
En retirant son projet de Plan Local de l’Habitat (PLH), la métropole illustre
une nouvelle fois son incapacité à se construire par un débat politique ouvert,
préférant privilégier un faux consensus sur le dos de l’Etat.
Oui, l’Etat a sa part de responsabilité pour avoir imposé cette métropole et sans
la doter de ressources, des équipements à la hauteur de ses compétences.
Oui, le gouvernement n’aide en rien quand il pousse les feux d’une fusion
Métropole Département tout en repoussant le moment du projet et du calendrier.
Mais prétexter de ces constats pour retirer ce projet de PLH relève d’une volonté
d’occulter tout débat sur la question essentielle qui plombe un développement
inclusif et soutenable de notre métropole : celle des ségrégations sociales et
territoriales.
Car le PLH est une des pierres angulaires pour aller ou non vers plus d’égalité et
de solidarité pour ses habitants, ses forces vives, ses communes.
La « crise de l’habitat » est d’abord celle du logement social.
Alors que les ¾ de nos populations sont éligibles au Logement Locatif Social,
seulement 9 communes et 6 arrondissements de Marseille ont une offre au
dessus des 25% de LLS, tandis que 40 communes n’atteignent pas les 10%.
C’est le privé qui est le premier « logeur social », très souvent dans des
conditions indignes. Le drame de la Rue d’Aubagne et la situation des délogés
ont renforcé l’urgence des attentes.
Déjà, ce projet de PLH cherche plus à se conformer à la loi qu’à répondre aux
besoins sociaux de logements. Mais en plus il n’y arrive même pas, par absence
de solidarité territoriale dans des arrondissements Marseillais, comme dans
certaines communes.
Il prévoit la construction de 5.380 logements sociaux par an, quand il faudrait en
produire 6.675, seulement pour se conformer en 2026 à la loi SRU. Le delta
étant renvoyé à une mobilisation volontaire de la métropole mais non
territorialisée.
C’est très inquiétant vu les rejets dissimulés sous de faux prétextes.
Enfin, les programmes privés de construction collective dans le neuf visent
surtout la profitabilité soit vers le haut de gamme, soit vers les petites surfaces
pour les investisseurs.
Résultats : de nombreuses familles n’y trouvent pas leur compte, les nouveaux
habitants potentiels non plus, les jeunes les étudiants encore moins.
Alors abordons le débat au lieu de l’occulter : faut-il mieux construire et pour
tous, comme l’ont validé 22 communes et deux territoires en décidant d’aller au-
delà des obligations légales y compris dans des communes non soumises à
l’article 25 de la loi SRU ? Ou faut-il en rabattre vers un PLH moins permissible,
en particulier pour le logement social ?
Tout nouveau report ne peut que mettre un peu plus à distance nos concitoyens
de cette métropole.
Marseille, le 17 Mai 2019