Dans son édition du jour, le journal Libération, qui a pu consulter des documents du ministère du Travail, donne à voir l’ampleur et l’exceptionnelle gravité du projet présidentiel dont l’objectif est un nouveau code du travail aux mains du patronat, une destruction minutieuse et profonde des droits et des protections des salariés. Jamais une telle opération n’a été envisagée. Tout y passe : une liberté quasi-totale à licencier avec la possibilité de négocier à l’échelle de l’entreprise le motif du licenciement, et à décider des modalités du contrat de travail. C’est un vieux rêve du patronat : faire de l’entreprise le lieu où tout serait enfin possible pour contraindre les salariés à une plus grande précarité, exiger d’eux toujours plus d’efforts et de sacrifices avec la menace de pendre la porte immédiatement en cas de refus.
La primauté de l’accord d’entreprise sur le contrat de travail, ou encore la baisse du plancher pour les dommages et intérêts, la modification du périmètre pour un licenciement économique, la réduction du délai pour saisir les prud’hommes, ou la hausse du seuil pour déclencher un PSE, sont autant d’éléments qui identifient clairement les intentions réelles du nouveau pouvoir. Elle relève d’une logique anti-sociale, d’un acharnement à vouloir dynamiter notre modèle social.
Aux ordonnances, qui sont une première violence anti-démocratique, avec une mise au pas du Parlement sur un texte organisant la vie professionnelle de 18 millions de salariés, Emmanuel Macron et le gouvernement ajoutent la dissimulation.
A 4 jours du premier tour des élections législatives, l’exécutif doit dire la vérité et présenter clairement son projet qui va bien au-delà des annonces faites par le candidat Macron lors de la campagne présidentielle. Cette clarification est un impératif démocratique. Les électrices et électeurs qui se rendront aux urnes les 11 et 18 juin doivent être respectés et donc informés.