Le 36e Congrès du PCF qui se tient du 7 au 10 février, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), s’ouvre dans un climat de large unité des communistes autour de la proposition de poursuivre la stratégie du Front de gauche. Texte de la base commune mis en débat : _congres36_basecom_statut_numérotés.pdf_
Le 36e Congrès du Parti communiste français, qui s’ouvre cet après-midi à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), serait, paraît-il, sans enjeu, selon des commentateurs. Sans enjeu de pouvoir, certainement : son secrétaire national depuis juin 2010, Pierre Laurent, est le seul candidat déclaré à sa propre succession à la tête du PCF. Pas de bataille homérique interne à prévoir non plus sur la stratégie, largement approuvée, d’« écrire la saison deux » du Front de gauche : la proposition de base commune de discussion pour le congrès, élaborée par la direction nationale sortante, a été adoptée à une large majorité des participants à la consultation des communistes, le 14 et le 15 décembre, recueillant plus de 73 % des voix.
Le véritable enjeu : l’alternative à la crise
Pour les communistes, l’enjeu cette année est ailleurs. « Effectivement, il n’y a pas de combats internes “acharnés”. Il n’en est pas moins un congrès extrêmement important : le PS, désormais aux affaires, assume une ligne sociale-libérale ; les communistes et le Front de gauche, restés hors majorité gouvernementale, ont un rôle central à jouer, entendant obliger la gauche à tenir son rôle historique », déclare, dans Politis, Marie-Pierre Vieu, responsable nationale du PCF.
Le contraste entre deux séries de données résume cet enjeu. Au troisième trimestre 2012, selon les dernières données disponibles de l’Insee, le “solde net” d’emplois marchands en France (la différence entre création et suppressions d’emplois) indiquait une destruction de 41 700 postes. Et le début de l’année nouvelle ne s’annonce pas sous de meilleurs auspices, avec 15 600 suppressions d’emplois comptabilisées depuis le début de l’année en France, pour seulement 7 100 créations, selon l’observatoire de l’investissement Trendeo, qui compile les annonces d’embauches et de licenciements en France.
Parallèlement, ce marasme ne semble pas affecter les places boursières. Au contraire, celles-ci ont passé le Nouvel An dans une euphorie jamais vu depuis la crise de 2008-2009. « Wall Street retrouve ses plus hauts niveaux historiques », titrait à la une le Monde, la semaine dernière, la Bourse américaine entraînant dans son sillage les places européennes, avec 15 % de hausse en 2012 pour le CAC 40, à Paris.
Bref, tandis que le capitalisme renoue avec ses pires excès, le bouleversement politique décidé par les Français au printemps dernier, après dix ans de règne ininterrompu de la droite au plan national ne se traduit pas, pour l’instant, par une amélioration de leur sort. Le changement promis par le candidat François Hollande tarde à venir, et tandis que le mécontentement grandit dans l’opinion contre le nouveau pouvoir, ce dernier assume de plus en plus ouvertement un tournant qualifié de « social-libéral » par les communistes. « Avec la ratification du traité budgétaire européen, le pacte de compétitivité et, maintenant, le soutien à l’accord sur la flexibilisation, signé sous la pression du Medef, le gouvernement tourne le dos (au changement), estime Pierre Laurent. C’est un cap que nous contestons parce qu’il ne permettra pas de sortir de la crise »