« Il existe une caresse profonde à la mer, que les visiteurs venus à Marseille ont éprouvée… L’oeil s’ouvre sur le bleu des départs…. Un bleu comme la nuit… » C’est à Marseille, pour l’auteur de « Passion Métisse », que tombent les verrous d’une longue confidence où a clignoté comme un phare lointain, inattendu « un noël empli de lumière sur une poupée noire…/… Singulière, elle devait mobiliser toute ma tendresse ». L’amour d’où qu’il puisse paraître n’est-il pas le ferment agissant qui décloisonne le temps, les lieux, déborde notre identité visible ? L’auteur dira à cet homme noir, « outrageusement beau » qu’elle aimera d’une flamme qui l’emportera loin : « À tes côtés, j’eus le sentiment bizarre d’être arbre dont les racines avaient mille ans. »
Passion Métisse : Un long poème qui parle d’une époque où s’agite le monde méditerranéen. C’est dans ce contexte fiévreux que se vit un amour fou pour un homme de couleur. Cette passion partagée faite d’éblouissements, de vies rêvées, de projets à vivre, dont « vivre l’égalité de tous avec toi… » est traversée de zones noires, d’abîmes de débordements. L’auteur se laissera-t’elle envahir, emporter ? « La mer qui allait qui venait, répétait-elle l’aller-retour de l’amour ? » Recommencement ? Défi ? Pour ma part, j’y vois un enjeu poétiquement éclairé, celui d’être d’avantage et plus que soi-même. On y retrouve Marine Saint Persan, aimante, fraternelle, engagée qui touche à une véritable humanité.
Anne-Marie Baril