« Il n’y aura pas de RGPP à la Région ». Vice-président du conseil régional délégué aux Finances, Jean-Louis Joseph (PS) a défendu ce vendredi matin un budget « sous le signe de la résistance et de l’offensive », dans un « pays épuisé par 4 ans de sarkozysme ». Avec un montant global de 1,952 milliards d’euros, il affiche en effet une hausse conséquente de 7,2%.
L’Etat en cause
Ce qui n’a pas empêché Jean-Louis Joseph de dénoncer le « gel des dotations de l’Etat qui, en tenant compte de l’inflation représentent une perte de 20 millions d’euros en 2011″ et une « autonomie budgétaire réduite à 10% » à cause de la réforme des collectivités territoriales. Robert Alfonsi (PS) a lui exhumé le discours de Patrick Heintz, directeur général des services du conseil général du Var, pourtant à droite : « Décentralisation à l’envers ! », lançait-il lors de ses voeux 2011. « On demande à la collectivité, toute récente rescapée des inondations, de porter sur son dos, mesdames et messieurs, et hors de sa compétence, les investissements les plus lourds ».
Gérard Piel (Front de Gauche) en a rajouté une couche et, ses camarades sortant un chèque géant, ressorti le couplet des dotations gelées et du « bouleversement fiscal ». Des « persécutions caricaturales contre l’Etat qui serait à l’origine de tous les maux », alors que la Région « privilégie les dépenses de fonctionnement au détriment de l’investissement », a répondu Bénédicte Martin (UMP).
Comm’ et taxe auto
Et de cibler les Etats généraux de la démocratie, organisés actuellement : « Après l’opération avortée du changement de nom, le tohu bohu de la campagne Touche pas à ma Région, quel est le coût de cette opération de propagande qui, en pleine campagne électorale, offre une tribune aux socialistes du département ? » Et pour boucler le budget, la majorité recourt à un emprunt « record » de 289 millions d’euros, a fustigé Pierre-Paul Leonelli (UMP lui aussi).
Qui s’en prend également au bond de 15% du tarif des cartes grises, couplé à la suppression de l’exonération pour les véhicules propres : « c’est la seule possibilité fiscale politiquement correcte que vous avez pu trouver cette année ». Une mesure qui passe très mal dans les rangs – fournis, l’élection étant proportionnelle – du FN, pour qui cette « ponction fiscale » de 22 millions d’euros sur les automobilistes aurait pu être évitée « par des économies sur d’autres postes (frais de représentation, subventions hors compétence…) », a déploré Lydia Schenardi.
Isolation thermique et TER gratuits
Et sur le fond ? Un « plan pluriannuel de réhabilitation énergétique de 25 000 logements en 4 ans, soit 10% du parc public de logements sociaux », la « construction d’un service public régional de restauration scolaire de qualité », un soutien accru à l’économie sociale et solidaire, au bio, aux circuits courts, des « critères sociaux et environnementaux intégrés progressivement aux appels à projets » a détaillé Jean-Louis Joseph. Et, promesse emblématique de la campagne, la gratuité des TER pour les étudiants et les lycéens, se félicite Gérard Piel.
Un inventaire où Aïcha Sif (Europe Ecologie-Les Verts Partit Occitant, EE-LV-PO, ouf !) a mis quelques « bémols » : ITER, des « budgets pharaoniques sur des investissements routiers [qui] seraient mieux utilisés dans les transports en commun qui en ont grand besoin ». Idem pour l’aéroport d’Avignon, dont le budget annexe a été boudé : « l’ouverture de nouvelles lignes pour faire face à un déficit croissant est pour nous un non sens écologique et économique quand on sait que la ville compte deux gares et qu’elle est située à 30 minutes de l’aéroport Marseille Provence », a justifié le vice-président aux Transports Jean-Yves Petit.
Suspension de séance
Le groupe EE-LV-PO qui ne s’est pas privé de déposer une dizaine d’amendements, pour inscrire le soutien au Forum alternatif mondial de l’eau au côté du forum officiel, maintenir intactes les crédits pour l’insertion, porter à 30% de la surface agricole l’objectif du bio en 2020. Demandes acceptées, à l’inverse du non-financement la rénovation du stade Vélodrome et le surcoût maousse du tunnel de Toulon.
Le Front de Gauche a également glissé quelques amendements, comme le soutien au projet Yasuni ITT, qui vise à permettre au gouvernement équatorien de laisser le pétrole situé sous un parc naturel là où il est. Et bien sûr l’ouverture d’une ligne budgétaire pour les entreprises en difficulté, amendement qu’on aurait pu appeler Fralib ou NetCacao. En revanche, pas d’accord du PS sur l’extension du tarif social des cantines aux bénéficiaires de l’allocation de rentrée scolaire au lieu des seuls boursiers (soit deux fois plus d’élèves), la mesure étant déjà entourée de « trop d’inconnues ».
Et puis, la Région étant obligée de voter un budget en équilibre, l’amendement ne pouvait pas être mis aux voix, est intervenu Jean-Louis Joseph. Colère dans les bancs rouges, qui demandent une suspension de séance. « Le but n’était pas de faire mal, mais d’avoir une réponse claire », justifie Gérard Piel. A savoir que la mesure sera bien étudiée dès que les retours sur la première phase seront là.
Pratiques chamboulées
De quoi donner en tout cas du grain à moudre à l’opposition… Un « laboratoire idéologique » qui tourne à la « cacophonie » pour Bénédicte Martin. Un « flot d’amendement » qui montre « un réel problème de cohérence. Cette majorité rose-rouge-vert est malade », pour Pierre-Paul Leonelli.
« C’est la première fois depuis 7 ans que je suis là que l’on dépose des amendements. Cela chamboule un peu les pratiques », reconnaît Flora Boulay, coordinatrice du groupe EE-LV-PO. Face à des arbitrages décevants lors de l’élaboration du budget, les deux alliés du PS ont décidé de revenir à la charge. « Quand on était alliés au premier tour, cela ne pouvait pas se passer de cette façon », glisse Gérard Piel, qui se félicite d’un budget « bien ancré à gauche ».
« On n’est pas là pour faire durer le plaisir ou jouer la mouche du coche », assure-t-il, y voyant une avancée. Ou plutôt un rattrapage car « cela se passe comme ça dans d’autres régions en France et le vote dure même sur plusieurs jours. Chacun apporte et on discute point par point« , rappelle Flora Boulay.
L’ordre du jour de la séance plénière (les plus rapides pourront même voir la fin de séance, qui doit durer jusqu’à minuit)
Rappelons qu’en 2010, le service Communication du Conseil régional employait 130 personnes, donc davantage que les services Emploi et Transport réunis. Pour des campagnes de communication qui flirtent avec l’abus de bien publics, s’agissant de campagnes politiques au service du parti socialiste contre des réformes gouvernementales, et non pas au service de la Région et de ses habitants.
Quant à l’endettement régional en PACA, il est passée de 720 millions d’euros en 1998, à 1498 millions d’euros en 2010. S’agissant des dépenses, Vauzelle avait ainsi dépensé en 2008 7,7 fois plus en fonctionnement qu’en investissement (234 euros de fonctionnement par habitant, contre 30,4 euros d’investissement).
Sur le budget 2011, on notera que si le budget doit être voté à l’équilibre, cet équilibre autorise le recours à l’emprunt, et que la Dette déjà élevée continue à se creuser. En 2010, les magazines économiques avaient analysé la situation financière des Régions de France et décerné le bonnet d’âne à la Région PACA : http://www.lexpansion.com/economie/les-patrons-de-regions-classes-selon-la-qualite-de-leur-gestion_227593.html
Bonjour,
bien noté, quoi que le classement de l’Expansion soit à prendre avec des pincettes comme tous les classements.
De même, pour 2011 le ratio fonctionnement/investissement s’établit à 2,32. Et il faut bien différencier fonctionnement (1,297 milliard) de dépenses de personnel et frais généraux (282,1 millions). Par exemple, le conseil régional verse une dotation globale de fonctionnement pour les lycées.
Le conseil économique et social régional s’inquiétait notamment pour sa part de ces deux points : (http://www.regionpaca.fr/uploads/media/Budget_Primitif_Regional_Exercice_2010.pdf)
- Le recours à un niveau d’emprunt conséquent bien qu’en réduction
pour cet exercice (258,1 M€ en 2010 contre 281,3 M€ en 2009) du
fait de la forte progression du remboursement au titre du FCTVA.
- Un encours de la dette par habitant qui reste élevé avec
234,7 €/hab au BP 2009 (199,9 €/hab Métropole Hors Ile de France)
et une pression fiscale de 1,18 (1,09 Métropole Hors Ile de France).
c’est sûr Fréquence gay, c’est le top ! FG…: http://www.radiofg.com/
Pour le reste, ça fait sourire, au mieux…
contrairement à d’autre institutions dans la tourmente en ce moment, notre région semble décidément sous le signe du dialogue ,de la démocratie ou aujourd’hui les différents élus d’Europe Écologie et le F.G ont lancé le débat en proposant des amendements constructifs sur certains points phares dans l’intérêt des concitoyens de la région : maintien du budget insertion, soutien à l’alter-forum de l’eau, défense des terres agricoles en bio…..