Entre l’intervention militaire en Lybie, les retombées radioactives de la centrale nucléaire de Fukushima et les élections cantonales, vous êtes certainement passés à côté du sommet européen de jeudi et vendredi dernier, consacré à la crise de la dette publique que connaissent en particulier la Grèce, l’Irlande, le Portugal et l’Espagne. Les mesures adoptées ont bien donné lieu à une dépêche AFP, un traitement critique de l’Huma et même un communiqué du PS dénonçant un « pacte de régression ». Mais c’est peu, vu l’ampleur et le caractère crucial des enjeux et de leurs conséquences.
3000 signatures et un tour de France
Un sujet sur lequel sont revenus ce lundi à la fac Saint-Charles un duo d’« économistes atterrés », du nom de ce manifeste signé en septembre 2010 par quatre pointures : Philippe Askenazy (Ecole d’économie de Paris), Thomas Coutrot (conseil scientifique d’Attac), André Orléan (Ecole des hautes études en sciences sociales et président de l’Association française d’économie politique), Henri Sterdyniak (Observatoire français des conjonctures économiques).
Des chercheurs « atterrés de constater que, même après la crise, on appliquait les mêmes politiques de soumission aux marchés financiers. Et que la plupart des économistes qui interviennent dans le débat public défendent des fausses évidences conduisant à des mesures irresponsables », a résumé Fabienne Orsi, de l’Institut de recherche et de développement, qui participe à « l’institutionnalisation » de la démarche.
Après « 3000 signatures et des demandes croissantes d’organisation de débat », le manifeste entend « mener le débat de manière durable, avec des commissions de travail, des notes mises en ligne et ce tour de France dont Marseille est la troisième étape », a-t-elle expliqué.
Défaut d’organisation européen
Face à un amphi bondé, Henri Sterdyniak a rappelé que « la crise a mis en évidence un défaut d’organisation de la zone euro. Les marchés financiers s’en sont aperçus et ont spéculé sur la dette des pays les plus fragiles. C’était un défaut marqué noir sur blanc dans les textes européens : les pays n’ont aucune solidarité entre eux.« Une attaque des dettes souveraines facilitée par des produits dérivés comme les credit default swap (CDS) « qui permettent de spéculer sans même avoir prêté à ces pays ».
Face à la crise grecque puis irlandaise, « les Etats ont prêté en empruntant aux marchés financiers, à des conditions élevées de 5 ou 6%, alors que la BCE prête à 1% » a complété Frédéric Boccara, économiste et membre du conseil national du PCF. Bref, alors qu’« aujourd’hui, la France et l’Allemagne empruntent à 3 ou 4%, il n’y a aucune raison que la Grèce est le Portugal n’aient pas les mêmes conditions dans la mesure où l’Europe dit clairement que cette dette est garantie. »
Sous conditions
Et les mesures adoptées la semaine dernière ? « Le pacte pour l’euro va imposer aux pays de prendre des engagements extrêmement rigoureux en matière de politique salarial, avec une remise en cause de l’indexation, et sociale, avec une baisse des retraites et des allocations chômages », a dénoncé Henri Sterdyniak. Qui note que les autres évolutions vont dans le sens « d’un renforcement de la surveillance des politiques économiques par la Commission européenne », avec des amendes pour les pays qui dépassent un certain niveau de dette et de déficit budgétaire, et un « semestre européen, qui consiste pour les Etats à aller devant la Commission présenter leurs projets de budgets et de réforme », détaille-t-il.
Ajoutant que « ce serait sympa si l’objectif était une politique de relance, de grands travaux, de tournant vert ». Mais qu’en l’occurrence plutôt d’une « austérité qui dès cette année représente 2 points de PIB. C’est énorme, et cela pèse très fortement sur la croissance, amenant à des rentrées fiscales faibles, ce qui impose de faible encore plus de coupes dans les dépenses publiques », estime-t-il. Un discours cependant encore trop focalisé sur la croissance, avait noté sur son blog l’économiste Jean Gadrey. Fustigeant le caractère « autoritaire et hyper-centralisé » de ces démarches, Frédéric Boccara s’est surtout concentré sur le trop peu d’attention accordé selon lui au social et à l’emploi par les conditions européennes. « Comment faire cette nouvelle économie de la connaissance dont on nous parle avec des budgets de recherche que l’on écrase ? » »
Politique de crédit public
La clé étant pour lui que « la création de monnaie (par la Banque centrale européenne) est laissée hors du champ », rendant nécessaire le recours aux marchés financiers, notamment pour alimenter le futur fond de soutien de 500 milliards d’euros qui sera mis en place en 2013. La proposition des Economistes Atterrés ? Une « politique publique du crédit qui prête à taux préférentiels et sur d’autres critères ». Et ce via « une nouvelle institution financière avec une gouvernance autre : parlementaires européens, nationaux, représentants de mouvements syndicaux et associatifs ».
Un fond qui financerait « par la création monétaire de la BCE, les service publics, les entreprises » sur conditions sociales et environnementales. On est loin de notre Caisse des dépôts et consignations tricolore, qui tire une balle dans le pied des budgets de la Sécu en étant au capital de la chaîne de fast food Quick… « La SNCF, pour être performante, a besoin d’infrastructures. Et comment on finance ce capital ? Avec les marchés financiers… Une charge qui représente 15% de la masse salariale des cheminots. Pourquoi la BCE ne prête pas à 0% pour le fret ferroviaire ? », interroge-t-il.
Bref, pas question de rejeter la finance: « Pour ne pas que la finance domine, il faut apprendre à la maîtriser ». Dans la salle, des étudiants, d’autres économistes, mais aussi des admirateurs de Proudhon, voire des nostalgiques de 1917. Et cet informaticien qui met les pieds dans le plat : ces Atterrés se rendent-ils compte que même s’ils parviennent à convaincre les Français, il restera l’Allemagne et les autres pays européens, voire les Etats-Unis ? « On fait un tour de France, on fait ce qu’on peut. Mais on a vendu 50 000 exemplaires du manifeste, c’est pas si mal. On a des contacts en Europe, on est traduits en Espagne et au Portugal. On rencontre bientôt le groupe GUE (gauche unitaire européenne, ndlr) et le président de la confédération européenne des syndicats… On n’est pas seuls », a répondu Frédéric Boccara.
Le site des Economistes Atterres
Le texte du Manifeste
je lis des mots tel que capitalisme patrimonial capitalisme financier capitalisme neoliberal alors que le systeme economique de la france est un systeme social clientelisme
Enfin, on commence à aborder les vrais sujets ! Les uns et les autres, en auraient ils plus que leur claque, de suer sang et eau pour alimenter les fonds de pensions américains ? … et toute la banqueroute Yankee, du reste ? Maintenant, la brave solution, c’est de « Maitriser la finance » ! La bonne blague !!!
Va falloir se lever tôt … et il est déjà bien tard pour se réveiller. Et apparemment, Messieurs, vous êtes encore dans les limbes d’un demi sommeil !
http://nllefeodalite.canalblog.com/archives/2011/01/03/20005619.html